Le 27 mai, dans les bureaux de l’état-major polonais, le ministre de la défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, a parlé de manière sérieuse mais calme en révélant les détails du « bouclier oriental ». C’est un effort militaire de dissuasion estimé à près de 10 milliards de zlotys (2,3 milliards d’euros), qualifié comme l’action la plus importante pour renforcer la frontière orientale de la Pologne et le flanc oriental de l’OTAN depuis 1945. Ces mots rappelaient ceux du premier ministre, Donald Tusk, qui promettait le 18 mai de rendre la frontière « inviolable à un ennemi potentiel ».
À Varsovie, les diapositives défilent révélant les constructions prévues le long de 400 à 500 kilomètres de la frontière d’ici 2028, tant avec la Russie (232 kilomètres avec l’exclave de Kaliningrad) qu’avec la Biélorussie (418 kilomètres). Des défenses en béton armé, des fossés, des tours de surveillance, des bunkers et des entrepôts militaires seront mis en place, en plus de renforcer les ponts et les routes. Un espace a même été alloué pour des mines potentielles. « Nous œuvrons à la défense de chaque centimètre de notre république », a souligné le ministre.
L’accent principal du bouclier est l’amélioration du système de détection actuel, grâce à l’installation d’un système anti-drones et l’établissement de centres militaires opérationnels à la frontière. Il a également pour but de contrecarrer la mobilité de l’adversaire. De plus, il augmentera la protection des forces armées et des civils, tout en optimisant la mobilité des soldats polonais par une mise à niveau locale des infrastructures routières et des ponts. Cette structure, qui sera présentée à l’OTAN et à l’UE, sera également liée à la ligne de défense balte en cours de construction en Lithuanie, Lettonie et Estonie.
Tomasz Pawluszko, professeur d’assistant en relations internationales à l’université d’Opole et chercheur à l’Institut Sobieski, considère ce plan comme une bonne idée. Selon ce spécialiste en sécurité internationale, cela « envoie un message clair, en prélude au sommet de l’OTAN à Washington, aux partenaires de l’OTAN et à la Russie : la Pologne et les pays baltes envisagent toutes les possibilités. »
Cette mesure sert également à rectifier une faiblesse historique dans la défense polonaise. Durant la guerre froide, la majorité des forces militaires étaient basées à l’ouest du pays. Cet équilibre n’a pas été totalement rétabli depuis, malgré une menace croissante venant de l’est.
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