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4 juin 2024 7 h 13 min

« Bilan mitigé de la décennie Modi »

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Lorsqu’il a pris le pouvoir en 2014, Narendra Modi, expert en création de narrations, a offert aux Indiens une vision ambitieuse, déclarant : « Je souhaite faire du XXIe siècle, le siècle de l’Inde », en dix ans. Il a ainsi gagné le soutien des classes supérieures, des citadins prospères, poussés par des aspirations de prestige et de puissance, mais également des pauvres en quête d’une existence plus confortable.
Modi avait l’intention de transformer radicalement l’Inde. Cependant, à la fin de son premier mandat, son bilan était durement critiqué. En 2019, l’article principal de The Economist titrait : « L’Inde a échoué dans ses réformes ». Cinq années se sont écoulées depuis et le leader nationaliste hindou, qui espère être reconduit pour un troisième mandat le 4 juin, s’engage actuellement à faire de l’Inde la troisième économie globale d’ici 2030 et un pays développé d’ici à 2047, à temps pour la célébration du centenaire de l’indépendance de l’Inde. Dix ans après son arrivée au pouvoir, son bilan indique une économie constamment en progression et une démocratie affaiblie.
L’économie est certes en hausse mais l’image du pouvoir est différente.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’Inde a surpassé le Royaume-Uni en 2022 pour devenir la cinquième plus grande économie mondiale, avec un taux de croissance du PIB de 7,8 % prévu pour l’année fiscale 2023-2024. Malgré le soutien substantiel apporté par les investissements publics, ainsi que les secteurs des services, des mines et du pétrole, cette croissance économique n’a pas réussi à offrir suffisamment d’opportunités d’emploi pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail, avec environ 10 millions de personnes par an. En particulier, le chômage affecte les jeunes diplômés, avec un taux de chômage de 42%.

Cependant, une perspective différente est donnée par le PIB par habitant, qui est d’environ 2500 dollars (2300 euros) par an, classant l’Inde au 129e rang mondial. La majorité des réformes économiques de Modi, y compris la numérisation de l’économie et l’amélioration de la collecte des impôts, ont été initiées par son prédécesseur, Manmohan Singh. Modi a mis en œuvre ces réformes, parfois de manière brute, comme avec l’introduction d’une TVA unique, la GST, en 2017, ce qui a été sa principale réforme fiscale. Cette harmonisation fiscale, imaginée au début des années 2000, a pris dix-sept ans pour être mise en œuvre.

Le développement des infrastructures continue également.

L’initiative de numérisation des transactions mise en place en 2016 se distingue incontestablement comme la meilleure intervention de la dernière décennie. Celle-ci a grandement allégé le processus commercial et a minimisé le mouvement des transactions physiques. En Inde, les achats se font maintenant via le téléphone, grâce à UPI (unified payments interface), une plate-forme qui facilite les transactions en direct. En 2023, les opérations ont franchi la barre des 100 milliards, atteignant une somme de 2 000 milliards d’euros. Lire la suite de cet article nécessite un abonnement.