En réponse à la canicule historique subie par l’Inde, avec des températures dépassant les 50 degrés Celsius, et aux inondations impactant deux million de Brésiliens, l’ONU organise comme chaque année des négociations sur le climat dans la ville de Bonn, en Allemagne, du 3 au 13 juin. Toutefois, ces négociations sont largement considérées comme une session technique, où aucune décision politique n’est prise, surtout en l’absence de chefs d’État et de ministres. Ces négociations restent cependant une étape cruciale dans l’effort global contre la crise climatique, car elles servent à la préparation de la prochaine conférence mondiale sur le climat, la COP29, qui aura lieu à Bakou en Azerbaïdjan, en novembre.
Le principal enjeu pour les 6 000 délégués réunis à Bonn est la question épineuse des fonds que les pays développés allouent à ceux en développement pour faire face à la crise climatique et réduire leurs propres émissions de gaz à effet de serre. À Bakou, lors de la COP décrite comme « financière », les États sont appelés à adopter un nouveau but mondial pour le financement du climat, pour la première fois en quinze ans. À partir de 2025, il devra remplacer la promesse faite par les pays industrialisés en 2009 de verser 100 milliards de dollars par an (soit 92 milliards d’euros) aux États les plus pauvres, les plus durement touchés par le réchauffement climatique, duquel ces pays développés sont historiquement responsables. Atteinte avec un retard de deux ans en 2022, cette cible a non seulement ébranlé la confiance des pays du Sud, mais a également compromis les négociations sur le climat, en plus d’être largement insuffisante.
Dans le contexte de la négociation financière sur le climat, plusieurs problématiques délicates doivent être traitées. La première étant la détermination de la nouvelle cible budgétaire. Selon une analyse du groupe financier sur le climat, les pays en développement – à l’exception de la Chine – nécessitent un investissement annuel de 2 400 milliards de dollars d’ici 2030. Parmi ceux-ci, 40% devraient provenir d’aides internationales. S’appuyant sur ces conclusions, l’Inde et le « groupe arabe » ont suggéré un budget de 1 000 milliards de dollars, que les pays développés ont refusé. Ceux-ci ne souhaitent plus être les seuls à contribuer financièrement et cherchent à impliquer davantage de pays, y compris des économies majeures et des pollueurs notoires tels que la Chine et les pays du Golfe – une proposition que les pays en développement rejettent.
D’autres points à régler incluent la durée de la nouvelle cible (cinq, dix ou vingt ans), la nature du financement (prêts ou dons, etc.), la transparence (comment mesurer et rapporter les progrès) et les aspects spécifiques de l’action climatique qui seront financés. Gaia Larsen, du groupe de réflexion américain World Resources Institute (WRI), explique que « les pays en développement veulent également financer les pertes et les dommages [causés par les effets irréversibles du réchauffement], en plus de l’atténuation [réduction des émissions] et de l’adaptation qui étaient supportées par les 100 milliards de dollars ».
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