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2 juin 2024 16 h 06 min

« Sélection de Livres Poche: Auteurs Divers »

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Réécriture : / »Compilation. Les profondeurs de Babylone de Yasmina Reza
Les origines lointaines sont au centre de « Au cœur de Babylone » (Flammarion, 2016), l’une des plus belles œuvres romanesques de Yasmina Reza, et son premier roman à avoir une narratrice. Une scène pivot se déroule ici. Tout est mis en mouvement par une célébration organisée par Elisabeth dans un élan d’espoir. Puis un meurtre survient. À un moment donné, comme si elle éprouvait une joie féroce en dépit du chaos environnant, Elisabeth commence à esquisser une danse solitaire dans son salon désordonné. À travers ces mouvements, Yasmina Reza nous présente une héroïne qui prend les rennes de la situation, dont la jubilation persistante et le bonheur en tant que fille assurent une constance au monde.
Cet aspect policier métaphysique réapparaît dans le volume impressionnant « Quarto » qui réunit une sélection de ses œuvres, des romans, des pièces de théâtre, des récits, allant de « Art » à Serge en passant par Adam Haberberg ou Anne-Marie la Beauté. On retrouve également sans tarder cette exubérance féminine. Le volume débute par des pages fortement personnelles où l’écrivain mélange des citations appréciées et des images annotées pour tracer des repères biographiques. « Elle s’élance du plongeoir, elle sort de l’eau et me fixe, elle brille, sans poser de questions, elle reluit de joie », note la dramaturge à côté d’une photo où l’on peut voir sa fille Alta, alors âgée de 13 ans, faire la roue dans une piscine. » /

Yasmina Reza, dans son remarquable sens de l’art, se spécialise à inverser notre perception du monde avant de le remettre à sa place par un rire retentissant. De pièce en pièce, en tant que romancière ou dramaturge, l’écrivaine crée des scènes de la vie de tous les jours pour construire une investigation sur notre condition humaine, oscillant entre doute et désolation. Dans ce précieux et réjouissant volume, Reza démontre que la tragédie n’est jamais loin de la joie. Sous sa touchante écriture, c’est toujours le rire qui triomphe, et qui réclame la liberté retrouvée dans l’adversité. « On vient de loin. Œuvres choisies », par Yasmina Reza, Gallimard, « Quarto voix contemporaines », 1 022 p., 29 €.

« Lire sous l’Occupation », par Jacques Cantier, met en évidence comment les livres jouaient un rôle symbolique crucial pendant l’Occupation. Les nazis attachaient une importance considérable à la censure et au pillage de livres – l’arianisation d’éditions et le vol de bibliothèques ou d’archives. De plus, ils menaient une politique d’influence à travers le groupe de littérature de la Propagandastaffel, qui était chargé de la propagande allemande. Les Français, cependant, se ruaient sur les livres: les ventes étaient en hausse, et beaucoup cherchaient des textes offrant l’inspiration pour résister. Lire devenait un moyen d’interpréter les événements. Un art clandestin de lecture s’est également développé, avec des auteurs comme Aragon qui voyaient en lui une forme d’art poétique pour exprimer des sentiments interdits avec des mots autorisés.

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