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2 juin 2024 19 h 06 min

« RDC: Population multipliée, revenu habitant divisé »

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Selon les estimations des Nations Unies, la République démocratique du Congo (RDC) sera en 2050 le deuxième pays d’Afrique le plus peuplé, juste après le Nigeria, et se classera huitième au niveau mondial avec une population prévue de 215 millions de personnes. Le professeur Jacques Emina, de l’Université de Kinshasa, analyse les enjeux de cette croissance démographique explosive.

La RDC n’a toujours pas commencé sa transition démographique, une situation qui peut être expliquée par plusieurs facteurs. Les normes culturelles ont un grand impact : un grand nombre de personnes aspirent à avoir de grandes familles, avec une moyenne de six enfants par famille. Ceci est influencé principalement par les convictions religieuses mettant en avant le message biblique d’être fructueux. De plus, l’absence d’une politique sociale efficace pour garantir la sécurité des individus à l’âge de la retraite conduit à percevoir les enfants comme une garantie pour la vieillesse. De plus, l’usage de la contraception moderne est généralement réservé aux femmes quand elles approchent du nombre d’enfants souhaité.

Un autre élément contribuant à cette situation est le taux élevé de mariages et de maternités précoces. Plus de 30% des femmes en RDC se marient avant l’âge de 18 ans, ce qui se traduit par un nombre plus élevé d’années de fécondité. Simultanément, nous observons une diminution du taux de mortalité infantile – bien qu’il reste élevé – et une augmentation de l’espérance de vie. Ainsi, la tendance indique que la population du pays continuera à croître jusqu’en 2100.

Cependant, la RDC reste un pays de grande étendue et faiblement peuplé.

En tant que deuxième plus grand pays d’Afrique, après l’Algérie, la République Démocratique du Congo (RDC) ne peut ignorer l’impact de sa population grandissante malgré sa vaste superficie. Le pays est déjà le théâtre de nombreux litiges fonciers, notamment dans l’Ouest et près de Kinshasa, ainsi qu’à l’Est. De plus, de nombreuses régions du pays ne sont pas facilement habitables. Ce développement démographique non maîtrisé, accompagné d’une urbanisation agressive, menace de faire disparaître jusqu’à 40 % des forêts de la RDC d’ici 2050. Parallèlement, la croissance du nombre d’habitants coïncide avec une augmentation de la pauvreté, le revenu par habitant ayant été divisé par 2,5 depuis 1960, tandis que la population a été multipliée par 7,5.

La question se pose alors : quelle est la position du gouvernement sur cette question cruciale ? La RDC ne dispose pas de politique démographique bien définie, ni d’organisme dédié à cette fin, contrairement à d’autres pays africains. La priorité serait de rassembler des données précises sur la population congolaise et sa diversité. Or, aucun recensement n’a été réalisé depuis 1984. L’absence de statistiques précises sur les naissances, les décès et les migrations rend difficile une planification efficace. Comment est-il possible de déterminer le nombre d’écoles, de cliniques de maternité ou d’emplois nécessaires dans une région spécifique sans disposer d’informations précises sur qui y réside ? Pour transformer cette croissance démographique en levier de développement, il est essentiel de mieux comprendre la population.

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