La découverte des manuscrits de Qumran en 1947 dans la région de la mer Morte en Cisjordanie (Palestine) est perçue comme l’une des plus grandes avancées archéologiques de l’histoire. Ces neuf cents documents, les plus anciens confirmés datant du IIe siècle avant J.-C., ont été soigneusement conservés dans des jarres qui étaient dissimulées dans onze grottes, d’où leur état de préservation remarquable. Aujourd’hui, ces manuscrits représentent une source d’information précieuse sur l’histoire de cette zone vue par les trois grandes religions comme sacrée.
Selon une hypothèse très répandue, cette collection de textes aurait appartenu aux Esséniens, une communauté d’ascètes juifs présents dans cette région pendant l’Antiquité. Parmi ces manuscrits, y figurent des textes écrits en hébreu, en araméen et en grec, ainsi que des travaux réalisés dans un langage considéré plus complexe à comprendre. Antony Perrot, professeur d’hébreu et d’Ancien Testament à la Faculté libre de théologie évangélique (Vaux-sur-Seine, Yvelines) et le bibliste Emile Puech, ont publié, dans un article pour la Revue de Qumrân, la toute première traduction d’un de ces manuscrits qui, selon les chercheurs, avaient été rédigés dans une langue cryptée avant de réaliser qu’il s’agissait d’une forme avancée d’hébreu primitif.
En collaboration avec Emile Puech, vous avez réussi à être les premiers à décoder l’un des trois manuscrits de Qumrân nommés « cryptique C » par les chercheurs. Que raconte donc ce parchemin ?
Antony Perrot réfléchit sur la possible dévastation d’une ville, possiblement Jérusalem, exposée dans une œuvre historique. Ce texte dresse un tableau de désolation, de sacré, de captivité et de décrets d’arrestation. Il pourrait suggérer l’assaut sur Jérusalem par le roi séleucide (de lignée grecque), Antiochus IV Epiphane, en 170-168 av. J.-C., un incident choc dans la conscience juive.
Ce document était partagé durant l’ère du deuxième Temple, soit jusqu’au premier siècle ap. J.-C. Il aurait probablement fait partie de la collection de la secte des Esséniens, bien qu’il ne soit pas directement issu de leur écriture. Ce texte aurait probablement été consulté lorsque la présence romaine devenait de plus en plus pressante dans la région, autour de la naissance de notre ère. À cause du style cursif de ce « paléo-hébreu », Antony Perrot croit que le texte fut recopié par les Esséniens et qu’ils en étaient en possession lorsque les Romains étaient sur le point de détruire Jérusalem, en 70 ap. J.-C.
La question se pose, est-ce un texte prophétique ? Que pense le théologien que vous êtes ?
Il vous reste encore 69,64% de cet article à lire. La fin est réservée aux abonnés.