Catégories: Actualité
|
2 juin 2024 8 h 12 min

Il est probable que le pouvoir reste entre les mains de la gauche au Mexique

Partager

« Le Mexique s’apprête à vivre une journée électorale sans précédent ce dimanche 2 juin, qualifiée de « révolutionnaire » et « historique » par la presse locale. Selon l’Institut national électoral, qui supervise le processus de vote, ces élections sont les plus significatives que le pays ait jamais organisées, avec un nombre record de 20 708 positions à pourvoir, y compris la présidence, les deux chambres du Parlement et neuf gouverneurs, ainsi qu’une multitude de maires et de représentants locaux.

Presque 97 millions de citoyens mexicains sont conviés à voter, soit une augmentation d’environ 10 millions par rapport à 2018, année de l’élection d’Andres Manuel Lopez Obrador (également connu sous le nom de « AMLO » à gauche), qui, en vertu de la constitution, ne peut pas se présenter à nouveau. Comme on pouvait le craindre, ces élections seront également les plus violentes de l’histoire, 36 candidats ayant été assassinés, ce qui est dix de plus qu’en 2018, d’après le think tank Laboratorio Electoral. En outre, cette campagne est la plus longue jamais enregistrée, les partis politiques ignorant le calendrier officiel, comme le montrent les candidats à la présidence qui ont commencé leur campagne trois mois avant la date prévue.

Ces élections sont également historiques pour une autre raison : c’est une confrontation entre deux femmes. Claudia Sheinbaum, l’ancienne maire de Mexico (2018-2023), représente le Mouvement de régénération nationale (Morena), le parti fondé par le président « AMLO ». De l’autre côté, nous avons la sénatrice Xochitl Galvez, qui représente les partis de la droite de l’opposition (PRI ; PAN ; PRD) unis en une alliance, ce qui marque également une première. »

Claudia Sheinbaum, une scientifique spécialisée en énergies, a été opposée à une experte en robotique, Xochitl Galvez, lors d’un duel politique. Sheinbaum, détentrice d’un CV impressionnant, représente la classe moyenne intellectuelle et privilégiée du Mexique et défend les idéaux de la gauche. Galvez, qui provient d’un milieu rural, indigène et défavorisé du Mexique, porte l’étendard de la droite. Cependant, le duel s’est révélé sans surprise, Sheinbaum ayant pris un avantage significatif qu’il était impossible pour Galvez de combler.

Après les primaires, Sheinbaum, ex-maire de Mexico, a hérité du « bâton de commandement » de leur groupe, Morena, de la part du président et a profité de sa popularité persistante, qui reste à 60 % après six ans de mandat. Les politiques sociales, dont une augmentation notable du salaire minimum initiée par « AMLO » depuis 2018, ont aidé à abattre la pauvreté. Ce succès est le principal pilier de la campagne de Sheinbaum, qui, outre le soutien des fidèles du président, a réussi à séduire une partie de la classe moyenne qui souhaite une gouvernance plus efficace que celle d' »AMLO », indique Carlos Perez Ricart, chercheur en sciences politiques au Centre d’études et de recherche en économie. Les sondages indiquent que 25% des électeurs qui n’avaient pas voté pour Lopez Obrador seraient prêts à le faire pour Sheinbaum, ce qui positionne Morena dans une situation particulièrement avantageuse.