Dans son costume sombre rehaussé d’une éclatante cravate bleue, Baptiste semble avoir un certain style à la Kennedy Jr. Au même titre que sa camarade de classe, Camille, ils sont tous deux en classe terminale au lycée Emile-Jacqmain, situé à une distance minime du Parlement européen et du Musée de l’Europe, en plein cœur de Bruxelles. Ils représentent deux des 271 000 jeunes belges âgés de 16 et 17 ans qui pourront voter pour la première fois lors des élections européennes du 9 juin. Dans le but d’inciter la jeunesse à se rendre aux urnes pour ces élections, la Belgique, tout comme l’Allemagne, l’Autriche, Malte et la Grèce (pour les jeunes de 17 ans uniquement), a autorisé les mineurs à participer au vote, bien que celui-ci reste éclipsé par les élections fédérales et régionales qui se tiendront le même jour.
En pleine discussion le vendredi 24 mai, six candidats, y compris deux chefs de file et un eurodéputé sortant, ont débattu de leurs programmes devant une audience particulièrement attentive. Néanmoins, encourager les gens à se rendre aux urnes reste un défi dans un pays où le vote est obligatoire, mais où 12 % des citoyens ont choisi de ne pas participer ou de voter blanc ou nul lors des législatives de 2019. Les candidats doivent aussi lutter contre l’indifférence des jeunes, et parfois même leur refus pur et simple de la politique.
Selon une étude sociale réalisée par l’Organisation européenne pour la science en 2022, un tiers des jeunes européens âgés de 15 à 25 ans ont démontré un total désintérêt pour le domaine public. En outre, une recherche régionale effectuée en Flandre auprès de 7 000 jeunes a dévoilé que plus de 40% des garçons et plus de 50% des filles n’ont aucun parti politique préféré. De l’autre côté, en francophonie, un sondage du Conseil de la jeunesse a surtout mis en évidence un manque de compréhension du système institutionnel, malgré une volonté de la part de 53% des personnes interrogées d’approfondir leur connaissance.
C’est dans cet objectif que les deux modérateurs du débat et leur établissement se sont affiliés au projet « Ecoles ambassadrices » initié par le Parlement européen il y a dix ans. Ce projet, qui compte environ 2 000 écoles à travers l’Union européenne, vise à éduquer les jeunes sur la citoyenneté. « Ce que nous faisons ici aujourd’hui est essentiel pour les jeunes et la démocratie, dans un monde qui est régulièrement maltraité par l’extrémisme », déclare Agnès Hermans, directrice des études.
Les délégués du Parti Socialiste (PS), Ecolo, des Engagés (centre), du Mouvement Réformateur (libéral), des Démocrates Fédéralistes Indépendants (DéFI) et du Parti du Travail (gauche radicale) ont été invités à participer, tandis que l’extrême droite a été exclue en raison de son image antidémocratique, comme elle l’est dans toutes les assemblées francophones belges. Le reste de cet article est réservé aux abonnés.
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