La ville de Jénine, localisée à l’entrée de la Cisjordanie, est un symbole de la résistance palestinienne face à l’occupation israélienne. L’activité des vendeurs ambulants ne parvient pas à dissimuler la brutalité subie par ses 18 000 résidents lors de l’attaque israélienne du 21 au 23 mai. Connue comme un bastion des factions armées en Cisjordanie, de nombreuses opérations militaires, qualifiées de « contre-terroristes », y sont menées par l’armée. Ces dernières affirment ainsi cibler » les cellules terroristes du Hamas et du Jihad islamique ».
Cependant, suite à la dernière intervention, Wissam Abu Baker, le directeur de l’hôpital gouvernemental Khalil-Suleiman a mentionné que les victimes avaient un profil très divers contrairement aux précédentes. Il nous a permis de voir deux des blessés. Parmi les douze morts, on a recensé un médecin, un professeur, plusieurs étudiants et même des enfants. Trois d’entre eux n’avaient pas plus de 16 ans et deux étaient âgés de plus de 50 ans. Selon lui, aucun de ces derniers n’étaient impliqués dans les brigades du camp. Le ministère de la santé à Ramallah a également indiqué que vingt-cinq autres personnes ont été blessées lors de cette intervention militaire.
Reposant dans la section orthopédique de l’hôpital, Hossam (un pseudonyme), âgé de 22 ans, ne peut pas croire qu’il a survécu. Informé d’un raid imminent, il a quitté son emploi et s’est retrouvé pris au piège dans un échange de tirs. « J’ai été la cible de cinq tirs d’explosifs de l’armée israélienne. Je reçu deux impacts dans ma jambe gauche, un dans ma jambe droite et deux balles dans le bras droit, » raconte-t-il. Les docteurs sont inquiets qu’il soit incapable de travailler pour une année entière, ce qui préoccupe énormément son père. Son père, un travailleur en Israël, a lui-même été incapable de travailler depuis la fermeture des points de passage entre les territoires palestiniens et Israël, suite aux attaques terroristes du 7 octobre 2023. « Hossam est l’aîné de cinq enfants, il était le seul soutien financier depuis les sept derniers mois. Je ne sais pas comment nous allons survivre maintenant, » explique l’homme, profondément contrarié.
Dans la chambre à côté, Abed, 17 ans, une autre victime des balles explosives fréquemment utilisées par les forces armées israéliennes, a des tiges de métal implantées dans sa jambe gauche. Celui-ci affirme avoir été pris pour cible dans la rue, en rentrant du centre-ville avec deux compagnons, le matin du 21 mai. « L’un de mes amis a réussi à fuir, l’autre a été abattu avec trois balles dans la poitrine alors que le soldat était à une distance très proche de lui. Quand j’ai été atteint, je me suis fait passer pour mort afin qu’ils ne m’achèvent pas », témoigne Abed.
Son père est exaspéré, à ses côtés : « Son frère aîné a également été blessé lors d’une attaque il y a un an. En tant que père de quatre enfants, cette situation est insupportable pour moi. Je rêve de quitter la Palestine pour habiter à l’étranger. À la suite de tout ça, Abed est submergé de colère et bientôt, je ne serai plus capable de le maîtriser. » Il fait référence à l’envie croissante de son fils de s’associer aux forces armées de Jénine.
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