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2 juin 2024 11 h 06 min

« Andrea Wulf, à la poursuite des romantiques »

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L’historienne germano-britannique, Andrea Wulf, tient à préciser qu’elle n’est pas une philosophe. Cependant, elle a récemment publié en français un ouvrage pour le grand public intitulé « Les Rebelles magnifiques » qui est le résultat de cinq ans de travail consacré au « Cercle d’Iena ». Ce groupe était principalement actif durant les dernières années du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, rassemblant l’élite philosophique et littéraire de l’époque en Allemagne.

Parmi ses membres on comptait les penseurs les plus reconnus de leur temps, tels que Fichte, Schelling et Hegel. Ces trois nom sont souvent associés à l' »idéalisme allemand », une des plus influentes idéologies de l’époque moderne. Ces penseurs ont séjourné à Iéna, au même moment que le poète Schiller, et proche de Weimar où séjournait Goethe, un ami de ce dernier. C’est dans ce contexte qu’est né le premier romantisme.

Dans son ouvrage, Andrea Wulf peint le portrait de ces penseurs car, selon elle, ils sont à l’origine de notre obsession pour nous-mêmes, trait caractéristique de l’espèce humaine. Ils ont créé l’idée de l’individu autonome et du culte de soi, dans cette petite ville universitaire de Thuringe.

Bien qu’elle ait acquis des connaissances philosophiques en étudiant dans des universités allemandes, Andrea Wulf se décrit comme une « écrivaine et historienne », refusant le terme de « romancière », malgré son talent pour décrire des personnages. Elle est passionnée par la botanique et l’horticulture et vit maintenant à Londres où elle écrit en anglais. Elle s’est faite connaître avec son livre « L’Invention de la nature. Les aventures d’Alexander von Humboldt » (paru en 2017) où elle retrace l’histoire de ce géographe et naturaliste allemand qui a voyagé jusqu’en Amérique du sud, et qu’elle considère comme un des précurseurs de l’écologie.

Andrea Wulf est une auteure qui se concentre sur la relation compliquée entre l’homme et la nature. Elle est déterminée à comprendre pourquoi l’humanité semble si déterminée à détruire la Terre et, par extension, elle-même. Elle mentionne que son œuvre aurait du être produite dans un ordre différent, affirmant que « Les Rebelles magnifiques » aurait du précéder son livre sur Humboldt. Cependant, la vie, dit-elle, a un sens de l’itinéraire imprévisible.

L’existence d’Andrea semble suivre ce même schéma imprévisible. Née à New Delhi de parents bohèmes, elle a grandi en Inde jusqu’à l’âge de cinq ans avant de déménager à Hambourg. Elle a ensuite déménagé à Londres au milieu des années 90 pour étudier l’histoire du design. Elle attribue son penchant pour l’écriture à l’anglais, qui est devenu la langue dans laquelle elle formule ses pensées.

En tant que mère célibataire d’une fille qui est maintenant dans la trentaine, elle partage certaines similitudes avec le personnage principal de « Les Rebelles magnifiques », une femme nommée Caroline Schlegel. Cette dernière, figure importante et non-conformiste du Cercle d’Iéna, a fini par épouser le philosophe Schelling, qui était plus jeune qu’elle de onze ans.