Il est largement reconnu que l’Europe doit jouer un rôle prépondérant dans la question de l’immigration. En effet, bien que le continent soit perçu comme en déclin, il demeure une destination privilégiée pour les personnes laissées à l’écart du développement, ainsi que pour les victimes de guerres et de régimes politiques oppressants. En 2023, l’entrée irrégulière de 380 000 individus dans l’Union européenne (UE) – une quantité négligeable par rapport à ses 450 millions de résidents – a représenté le plus haut niveau depuis 2016. L’importance de ce contrôle des frontières extérieures de l’UE est renforcée par le fait que le projet européen repose sur la libre circulation des biens et des personnes. Une enquête de Fondapol a révélé que 86% des Européens désirent un renforcement de ce contrôle, y compris 80% des électeurs de gauche.
Malheureusement, le débat sur ce sujet, qui domine la campagne pour les élections européennes du 9 juin, est davantage axé sur des slogans simplistes que sur des idées concrètes et applicables.
Par exemple, la proposition de Jordan Bardella du Rassemblement national (RN) de mettre en place une « double frontière », dont le premier volet consisterait à « rejeter systématiquement les bateaux de migrants qui souhaitent atteindre le sol européen ». Sur cet aspect, Bardella pourrait prendre conseil auprès de Giorgia Meloni, la présidente italienne du conseil, qui a gagné sa place en promettant un « blocus naval » à cet effet. Depuis son accession au pouvoir, elle a sollicité l’aide de l’UE et la coopération des pays d’Afrique du Nord pour contrôler l’afflux de migrants, en autorisant même 452 000 étrangers à travailler en Italie d’ici 2025.
M. Bardella plaide pour restreindre le droit à la libre circulation dans l’espace Schengen pour les étrangers non membres de l’UE. Cependant, face aux arguments du premier ministre, Gabriel Attal, signalant que cette action entraînerait des contrôles généralisés nécessitant même la vérification des travailleurs frontaliers et en conséquence causerait de longues files d’attente, le chef du parti d’extrême droite a changé de direction pour soutenir l’amélioration des « contrôles aléatoires », cette approche est déjà en vigueur actuellement.
Les compromis ont été négociés avec difficulté. Le fossé entre les slogans percutants et la réalité est également visible dans la proposition de « barrières physiques à l’Est (murs, fossés, caméras, intelligence artificielle, etc.) » que François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains (LR) aux élections européennes, souhaite mettre en œuvre. L’expérience des murs construits à la frontière mexicaine, particulièrement pendant la gouvernance de Donald Trump, qui n’ont pas réussi à empêcher un nombre record de migrants, remet en question l’efficacité de ces infrastructures.
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