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Devrions-nous protéger excessivement nos enfants ?

Ce texte est une portion de la lettre d’information « Darons Daronnes » sur le thème de la parentalité, transmise chaque mercredi à 18h. Pour la recevoir, il est possible de s’inscrire gratuitement ici.

Le dernier weekend, mon enfant de 4 ans, en proie à des réflexions philosophiques, m’a questionné alors qu’il brisait des œufs pour la pâtisserie : « Maman, étais-tu plus heureuse dans le ventre de ta mère ou maintenant, en étant adulte? » Il est intéressant de voir comment les questionnements des jeunes ont la capacité de nous faire réfléchir profondément. J’ai fait une pause avant de répondre, goûté la préparation du dessert (il manquait du citron), fait un rapide retour sur les multiples années écoulées, et j’ai répondu quelque chose du genre : « Je préfère ma vie actuelle. Je peux prendre mes propres décisions, choisir ce que je mange, me déplacer à ma guise. Je peux échanger avec vous, vous écouter, respirer, rire et courir. » J’ai goûté encore une fois la préparation de la pâtisserie (délicieux), et j’ai ajouté : « Cependant, une partie de moi ressent parfois la nostalgie et le manque du confort de l’utérus maternel. J’étais en sécurité, au chaud, et elle s’occupait de tout pour moi, j’étais entièrement à elle. »

Un silence régna (excepté pour ma plus jeune, âgée de 6 ans, qui ne comprend pas le principe de silence). Je me suis retournée vers mon fils et lui ai demandé ce qu’il en pensait. D’un air déterminé, il a répondu : « Moi aussi, je préfère ma vie actuelle. »

Malgré ce qu’il dit, je perçois un penchant excessif dans ses paroles, comme s’il cherchait à s’auto-persuader que c’était la vérité rationnelle. Il se répète constamment, « On est mieux à l’extérieur, je t’assure, on est mieux en dehors ». Je ne peux contester sa contradiction. Alors qu’il me parlait, je venais de terminer la lecture du livre ‘En cas d’amour. Psychopathologie de la vie amoureuse’ (Payot, 2009) de Anne Dufourmantelle (1964-2017). Dans cet ouvrage, la philosophe et psychanalyste parle du paradis perdu du sein maternel, un manque fondamental de notre nature humaine : « Nous émergeons du deuxième. D’un sein, d’une respiration, d’une parole, d’émotions qui se relaient, de mouvements intimes et nous naissons dans la solitude. Encadrés, soutenus, mais solitaires. La mélancolie universelle découle de cette première séparation, inimaginable, cette rupture a un reste en nous, intact. »

La brutalité de la vérité.

À l’instar de mon fils, moi aussi, je ressens parfois le désir de me replonger dans le confort du ventre de ma mère, en position fœtale. Lorsque je dois prendre une décision difficile, quand je me sens oppressée, ou quand survient quelque chose qui me surprend, quelque chose que j’ai l’impression de ne pas pouvoir assimiler.

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