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31 mai 2024 7 h 13 min

« Kremlin accuse OTAN d’inciter guerre Ukraine »

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Glenn Cloarec a été l’un des animateurs de ce direct. Nous vous invitons à découvrir tous nos articles, reportages et analyses dédiés à la situation conflictuelle en Ukraine, disponibles sur « Le Monde ». Encore soumise à tension, la Crimée reste au premier plan des préoccupations de Kiev. L’Ukraine a récemment été ébranlée par l’attaque d’une de ses plus importantes imprimeries, un emblème culturel du pays. Malgré l’épuisement et les défaites, les Ukrainiens engagés au front persistent à ne pas rendre les armes. Le champ de bataille est désormais numérique, avec une guerre faite dans les tranchées passée au numérique. La Russie, de son côté, remet en question la suprématie des États-Unis dans l’espace.

L’Ukraine hotel, situé à Kiev, propose 363 chambres pour une somme d’au moins 23,5 millions d’euros. À travers leurs lettres, Olga et Sasha peignent un tableau de résilience, montrant que même dans les villes les plus assiégées, les citoyens s’efforcent de maintenir une vie normale, de travailler, d’entreprendre et de s’instruire. Volodymyr Zelensky est le président de l’Ukraine pour une durée indéfinie. La recherche des personnes disparues est toutefois une tâche herculéenne.

Concernant les questions les plus posées, nous y apportons des réponses. Les drones sont utilisés de manière stratégique aussi bien par Moscou que par Kiev. Ces derniers mois, la guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint un niveau sans précédent. D’après un rapport datant de mai 2023 d’un think tank britannique spécialisé dans les questions de défense, l’Ukraine enregistre la perte d’environ 10 000 drones sur le terrain de combat chaque mois, soit plus de 300 chaque jour. Pour comparaison, l’armée française n’a que légèrement plus de 3 000 drones en stock.

Les Ukrainiens et les Russes déploient principalement des UAV (véhicules aériens sans pilote) civils, à petit coût et largement accessibles, pour des activités d’espionnage sur le terrain de combat et dirigent leurs troupes ou leurs attaques d’artillerie. Ils sont aussi parfois adaptés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien que moins nombreux, les drones-suicides jouent aussi un rôle crucial. Muni d’une charge explosive, ces UAV sont lancés au-dessus de la ligne de front sans destination préalablement désignée. Moscou déploie des Lancet-3 russe, ainsi que des Shahed-136 fabriqués en Iran. L’Ukraine, qui manque d’une flotte de guerre significative, taquine l’ennemi avec des véhicules maritimes sans pilote, qui sont des petits kayaks télécommandés contenant des explosifs (450 kilos de TNT).

Les drones sont d’une importance vitale pour leurs opérations, et les Ukrainiens comme les Russes se sont adaptés pour pouvoir approvisionner leurs troupes sur le long terme, non seulement par l’acquisition en gros de drones civils sur le marché, mais aussi en établissant leurs propres capacités de production. L’industrie nationale ukrainienne, qui n’en était qu’à ses balbutiements au début de la guerre du Donbass qui a débuté il y a dix ans, a depuis considérablement progressé. Le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé fin août qu’un clone du drone russe Lancet avait été réalisé et serait bientôt lancé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, actuellement restreinte par des sanctions internationales qui entravent son accès aux composants électroniques, se bat pour maintenir ses activités. Cependant, selon des sources de renseignement américaines, le pays aurait entamé la construction d’une usine dans la zone spéciale économique d’Alabouga pour la production de drones-kamikazes à la mode iranienne, tels que les Shahed-136.

Il est malheureusement complexe, peut-être même irréalisable, d’établir l’état précis du dépôt de missiles de l’armée russe. Des informations sporadiques sont fournies par les services de renseignement ukrainiens, mais leur précision fait débat.

Andri Ioussov, un porte-parole renommé de la direction générale de l’intelligence du ministère de la défense (GUR), cité par Liga.net, mentionne que l’arsenal russe comptait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et plus de 900 au début de l’année. Selon lui, ce total serait augmenté par une dizaine de milliers de missiles antiaériens S-300 (avec une portée approximative de 120 kilomètres) et un stock substantiel de S-400, une variante plus récente avec une portée triplée. En août, le vice-président du GUR, Vadym Skibitsky, a révélé la présence de 585 missiles dépassant une portée de 500 kilomètres.

Concernant les capacités de production, plusieurs experts s’accordent à dire qu’elles s’élèvent à environ cent missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités mensuelles.

Apparemment, la Russie aurait augmenté son arsenal de missiles à courte portée provenant de l’Iran et de la Corée du Nord, une activité qui se poursuit encore. Reuters, se basant sur diverses sources iraniennes, révèle que 400 missiles iraniens de type Fateh-110, d’une portée de 300 à 700 kilomètres, ont été délivrés à la Russie depuis janvier, une période où un accord avait été établi. Le nombre exact de missiles acquis de la Corée du Nord n’est pas spécifié, néanmoins, il a été rapporté que 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024. Selon le procureur général Andriy Kostin, ces missiles seraient vraisemblablement des KN-23 et KN-24, ayant une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

En réponse à une requête de longue date du président ukrainien, les Etats-Unis ont approuvé le transfert de chasseurs F-16 à l’Ukraine en août 2023. Même si plus de 300 F-16 sont répartis dans neuf pays européens, incluant la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal entre autres, tous ces pays ne sont pas en mesure de les céder instantanément.

Le président Zelensky a mentionné que 42 F-16 avaient été promis à Kiev par les alliés occidentaux, mais cette information n’a pas encore été validée. Le Danemark s’est engagé à en fournir 19. Selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen, les 6 premiers ne seraient pas livrés avant fin 2023, suivis de 8 autres en 2024 et enfin de 5 en 2025. Les Pays-Bas ont promis d’en fournir également, ils possèdent 42 unités, mais le nombre qu’ils ont prévu de céder n’a pas été déterminé.

Il est crucial que les pilotes ukrainiens reçoivent une formation appropriée pour manœuvrer les avions de combat américains. Onze nations alliées ont assumé la responsabilité de former ces pilotes. Selon les prévisions de l’OTAN, les troupes ukrainiennes ne seront aptes à utiliser ces avions en situation de combat qu’à partir de début 2024, tandis que certains experts estiment plutôt l’été de la même année.

Quelle aide militaire est fournie à Kiev par ses alliés?

Deux ans après le déclenchement d’un conflit à grande échelle, le soutien occidental à l’Ukraine connaît un ralentissement. D’août 2023 à janvier 2024, l’aide nouvellement promise a diminué par rapport à la même période de l’année précédente, comme le montre le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024. Cette tendance pourrait se maintenir, compte tenu des difficultés rencontrées par le Sénat américain pour approuver de nouveaux soutiens et des obstacles rencontrés par l’Union européenne pour faire adopter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, à cause de l’opposition de la Hongrie. Néanmoins, ces deux paquets d’aide ne sont pas inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.

Les données de l’Institut allemand indiquent que le nombre de donateurs diminue et se centralise autour d’un groupe de pays spécifique comprenant les États-Unis, l’Allemagne, et les pays nordiques et orientaux de l’Europe, qui s’engagent à fournir une aide financière significative ainsi que des armes avancées. En résumé, depuis février 2022, les pays qui soutiennent l’Ukraine se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.

En termes absolus, les nations les plus avancées financièrement ont démontré une plus grande générosité. Les USA sont en tête comme étant les plus grands donateurs, ayant promis plus de 75 milliards d’euros d’aide, dont 46,3 milliards sont dédiés à l’assistance militaire. Les pays de l’Union européenne ont indiqué des montants à la fois pour des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds européens (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.
Cependant, si l’on compare ces donations au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la liste est modifiée. Les USA tombent à la vingtième place (0,32 % de leur PIB), succédant des pays voisins de l’Ukraine et d’anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie mène les aides rapportées au PIB avec 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois États baltes, ayant tous des frontières partagées avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, se trouvent parmi les donateurs les plus généreux depuis le commencement du conflit.
Selon le classement du pourcentage du PIB, la France se situe en vingt-septième position, avec 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’assistance apportée par la France est en baisse continue depuis l’initiation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France était vingt-quatrième en avril 2023 et treizième à l’été 2022.
Que peut-on savoir sur les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Pour plusieurs mois maintenant, l’Ukraine et la Pologne connaissent des relations tendues. Au centre de ces tensions se trouve le transit de céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, des « voies de solidarité » avaient été établies par la Commission européenne pour faciliter l’exportation et la vente, sans aucuns droits de douane, des produits agricoles provenant d’Ukraine vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Néanmoins, près de la moitié des céréales ukrainiennes passent ou terminent leur voyage au sein de l’Union européenne (UE), d’après la Fondation Farm, un think tank sur les questions agricoles internationales. Ces céréales ukrainiennes sont proposées à un prix bien inférieur au blé produis en UE, surtout dans les pays de l’Europe centrale.

Arguant que ces influx de céréales perturbent le marché local et par conséquent les revenus de leurs propres agriculteurs, des pays tels que la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé de bloquer leurs importations de facon unilatérale en avril 2023. Bruxelles avait accepté cet embargo à condition qu’il n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il dure uniquement quatre mois. Toutefois, Varsovie a décidé de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, se basant sur le fait que le problème de base n’était toujours pas réglé. Ce à quoi Bruxelles avait répondu que cet embargo n’avait plus de raisons d’exister puisque leurs études démontraient qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales.

Depuis un certain temps, les agriculteurs de Pologne ont mis en place un blocus à la frontière polono-ukrainienne pour stopper l’entrée des camions ukrainiens chargés de produits agricoles et alimentaires sur leur territoire national. Leur demande principale est l’imposition d’un « embargo total » sur tous les produits en provenance d’Ukraine. Ils se plaignent de l’augmentation considérable de leurs frais de production alors que les silos et les entrepôts sont pleins à craquer et que les prix des produits agricoles sont au plus bas. Au début de l’année 2024, le président d’Ukraine avait exprimé son inquiétude par rapport à cette situation, notant que le blocus était le symbole de « l’affaiblissement de la solidarité » pour son pays. Il a alors demandé des discussions avec la Pologne pour résoudre cette crise. Il a également exprimé son souci vis-à-vis de l’augmentation apparente de sentiments pro-Poutine, soulignant que « seule Moscou se félicite » de ces tensions.

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