L’appel à la grève des pharmacies a obtenu une réponse massive en France, avec plus de 18 000 des 20 000 établissements du pays décidant de fermer leur porte jeudi 30 mai. La profession exprime son mécontentement face aux pénuries constantes de médicaments, au manque de rémunération suffisante et au danger de la dérégulation du commerce en ligne.
Au total, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) ont rapporté que 30 000 personnes ont manifesté à travers le pays. C’est un nombre qui est six fois plus élevé que lors de la dernière grande mobilisation pour cette profession en 2014. Ils expriment leur frustration face à des pénuries qui leur coûtent « beaucoup de temps » et réduisent leur rémunération.
Des pancartes lors des manifestations à Paris affichaient des messages comme « Médicaments en pénurie, patients à l’agonie » et « Pour continuer à soigner votre crève, on fait grève ». Elles ont été aperçues lors d’un défilé qui a commencé à la faculté de pharmacie et s’est terminé au ministère de l’économie.
De plus, le mouvement de grève a également été fortement ressenti en province. Marion Lemaire, coprésidente du syndicat des pharmaciens de la Haute-Vienne, affirme que « la situation professionnelle des pharmacies est simplement dramatique ». Elle signale que, rien qu’à Limoges, une autre pharmacie avait fermé ses portes le mois dernier.
Dans le département des Bouches-du-Rhône, 650 pharmacies ont gardé leur porte fermée, notamment 330 à Marseille seule. Cela représente 95% des pharmacies du département selon le président de l’ordre des pharmaciens du département, Stéphane Pichon. La protestation a réussi à rassembler toutes les catégories de la profession – syndicats, groupements de pharmaciens et étudiants.
La décision préfectorale a nécessité la mobilisation de pharmacies pour garantir un service pharmaceutique constant. Beaucoup d’entre elles ont informé leur clientèle par le biais d’e-mails, d’écrans ou d’annonces affichées dans leurs vitrines.
En raison de l’inflation affectant leurs coûts, les syndicats demandent une augmentation salariale à partir de 2025. Ils jugent les dernières offres de l’Assurance Maladie, émises lors des négociations conventionnelles débutées fin 2023, « insatisfaisantes ». M. Besset a indiqué que les syndicats pharmaceutiques sont convoqués pour une « réunion finale » avec l’Assurance maladie le 5 juin.
Outre le facteur économique, la profession exprime également son inquiétude, comme en 2014, à l’idée d’une possible simplification de la vente en ligne de médicaments sans prescription. Pierre-Olivier Variot, président de l’Uspo, met en garde que « tous les éléments sont réunis pour détruire le réseau » de pharmacies qui emploie 130 000 personnes en tout.
« Il faut garder la raison », a déclaré le député Renaissance Marc Ferracci à l’Agence France-Presse (AFP). Il confirme qu’il y a actuellement une « discussion sur l’opportunité d’assouplir ou non » les règles de la vente en ligne de médicaments sans ordonnance, sans toutefois « remettre en cause le principe du monopole » des pharmacies.
De nombreux syndicats pharmaceutiques s’opposent fermement à l’idée de « stocks délocalisés » ailleurs que dans une pharmacie. Ils craignent fortement qu’Amazon, le géant américain du commerce en ligne, puisse un jour investir ce secteur. Selon M. Ferracci, il est hors de question de permettre à la grande distribution d’intégrer cette pratique ou de vendre des médicaments sur Amazon. Il soutient que cette idée n’est pas logique et souhaite mettre un terme aux « spéculations » qui ont fait les gros titres de la presse spécialisée ces dernières semaines.
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