Gulli, une chaîne du groupe M6, a organisé une soirée rétro et jette son dévolu sur les classiques du cinéma français. Après avoir diffusé les téléfilms de Noël jusqu’au 27 mai, Gulli a décidé d’offrir à son public une soirée nostalgique ce jeudi soir. Elle a présenté « Banzaï », un film de 1983 dirigé par Claude Zidi avec Coluche, suivi de « Scout toujours », une autre comédie de Gérard Jugnot un tantinet lourdaude.
Probablement, vous avez la sensation de l’avoir déjà vu bon nombre de fois, n’est-ce pas ? Vous avez raison, il a en fait été diffusé cinquante-six fois exactement sur les chaînes de télévision depuis sa création en 1985. Il s’inscrit ainsi parmi les huit films les plus programmés sur les chaînes nationales gratuites depuis 1957. Selon le bilan 2023 du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), publié en mai, le film le plus répété à la télévision au cours des soixante-six dernières années est une comédie moins connue de Dominique Farrugia sorti en 1996, « Delphine 1, Yvan 0 ». Cependant, il est à noter qu’une grande majorité (88,6%) de ses soixante-dix rediffusions (dont 61 sur TF1, son co-producteur) s’est faite entre minuit et 07h du matin, ce qui peut éclairer pourquoi ce record a pu vous échapper.
Cette liste de vingt films présente certes des surprises, avec onze films d’animation (dont sept d’Astérix diffusés entre 1967 et 1994) et quelques films à la qualité discutable comme Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (6e place avec 56 rediffusions), Les Sous-doués (16e place et 51 rediffusions) ou Flic ou voyou (19e place et 50 rediffusions). Tous étant des productions françaises, nous pourrions nous réjouir, mais ne serait-il pas souhaitable pour les téléspectateurs d’avoir autre chose que Tintin et le lac aux requins de 1972, déjà diffusé cinquante-cinq fois ?
L’absence presque totale de films culte renommés sur le classement (à l’exception notable de La vie est un long fleuve tranquille en 13e place et Le Grand Bleu en 18e position) s’explique par le coût de rediffusion des films populaires. Il n’est donc pas surprenant que cette liste reste globalement stable, prise dans un cercle vicieux d’audiences médiocres.
Néanmoins, cette situation permet aux chaînes de respecter le quota imposé par la loi de 40% de films français sans se ruiner. Elles parviennent aussi à afficher des succès d’audience occasionnels avec des films populaires qui attirent autant le public qu’au cinéma. D’après le CNC, depuis 2019, une comédie française détient chaque année le record d’audience pour un film à la télévision.
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