Dans les alentours de 1954, Geneviève de Galard a passé près de deux mois à Dien Bien Phu, participant à la guerre et aidant les blessés, mutilés et brûlés du champ de bataille. Coincés dans un piège du Vietminh, les soldats français des régiments de parachutistes, de la Légion étrangère ou des unités coloniales, ont surnommé l’infirmière « Mademoiselle », puis « Mam’zelle » et finalement « Geneviève ». Certains l’appelaient même « Maman » dans leurs moments de détresse. La femme, décédée jeudi à l’âge de 99 ans, sera commémorée comme « l’ange de Dien Bien Phu ».
« Geneviève de Galard a montré un dévouement hors pair dans les pires moments de la guerre d’Indochine, courageusement assurant le soin et le confort de 15 000 soldats français, » a déclaré Emmanuel Macron, le 31 mai. « Je rends hommage à sa mémoire. »
Son héroïsme au cœur du chaos et de la destruction a servi de réconfort dans une défaite engendrant le déclin de l’Indochine et, plus largement, la fin prochaine de l’Empire français. Malgré sa célébrité involontaire, l’infirmière insistait humblement: « Je n’ai fait que mon devoir. » Sa modestie naturelle et son sourire timide ont ajouté à sa légende.
La photographie d’une petite dame en vêtements de parachutiste, les manches relevées, capturée le 24 mai lorsqu’elle est descendue de l’avion à Luang Prabang, dans le Laos actuel, juste après sa libération, a été publiée sur la couverture de Paris Match, consolidant ainsi sa position d’icône populaire. Son visage arrondi, ses pommettes proéminentes, ses lèvres minces et ses yeux bleus sont devenus le symbole de la saga enrobée comme une terrible erreur stratégique de sucre glace par le haut commandement. Geneviève de Galard était consciente du rôle qui lui était attribué. « Pendant longtemps, je suis restée silencieuse, » elle écrira dans ses Mémoires (Une femme à Dien Bien Phu, Les Arènes, 2003). « Je ne voulais pas entretenir la publicité que j’avais reçue en 1954. Elle me semblait exagérée, parfois hors de propos, alors que mes camarades prisonniers souffraient encore dans les camps. »
« Dieu me protégera, » pensait-elle à Dien Bien Phu, alors qu’elle courait d’une tranchée à l’autre sous les obus.
Geneviève de Galard Terraube, son nom complet, est née le 13 avril 1925 à Paris. Elle vient d’une famille aisée qui fait preuve d’un patriotisme fervent et se réclame des titres de noblesse remontant à Jeanne d’Arc et même aux Croisades. Son père est décédé alors qu’elle n’avait que 9 ans. Sa mère l’a élevée dans les valeurs de la droite catholique, et sa foi chrétienne n’a cessé de l’accompagner, même pendant les moments les plus difficiles.
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