La saga judiciaire impliquant l’oracle ventriloque d’Agde ne cesse de faire des vagues dans l’économie de cette petite ville charmante en bordure de mer de l’Hérault. Gilles d’Ettore, le maire de la ville (membre du parti Les Républicains), en poste depuis 2001, a été mis en détention le 21 mars à la suite de sa mise en garde à vue. Il est suspecté d’avoir fourni sur une période de quatre ans, des avantages et des services à Sophia M., une « médium » qui l’avait persuadé de sa faculté à entrer en contact avec l’au-delà.
D’après son avocat, Me Jean-Marc Darrigade, le maire aurait été « sous l’influence » de cette femme d’une quarantaine d’années et aurait prodigué des cadeaux en quantité en l’invitant à des voyages, des dîners et bien d’autres largesses, souvent à grand frais pour la mairie d’Agde.
Il s’est aussi servi de son réseau d’entreprises pour financer le mariage de Sophia M. avec Cédric, son mari, et pour régler des rénovations faites dans la maison de la médium.
Le 28 mars, Thyl Z., le directeur de la société Eiffage-Route Grand Sud, a été mis en garde à vue. Il est accusé d’avoir rédigé des factures fausses pour dissimuler l’utilisation, aux dépens de son entreprise, d’une entreprise de sous-traitance chargée d’ériger une véranda chez Sophia M. pour un total de 30 000 euros.
Malgré ses dénégations initiales d’attente de compensation de la part de la mairie d’Agde, Thyl Z. a finalement reconnu lors de son interrogatoire qu’il a eu du mal à résister aux exigences pressantes de M. D’Ettore, qui est également le président de la communauté de communes Hérault-Méditerranée. Suite à un appel de son avocat, Marc Gallix, Thyl Z. a été remis en liberté sous contrôle judiciaire le 11 avril, bien qu’il soit toujours inculpé.
Un autre homme d’affaires a également été impliqué peu de temps après, le 12 avril. Le propriétaire d’un grand magasin de la municipalité et son fils ont été inculpés de « corruption », « abus de biens sociaux » et « faux en écriture ». D’après les premières constatations de l’enquête, il semble que cet homme de 68 ans a également succombé aux sollicitations de M. D’Ettore et a financé une autre partie des travaux de la véranda de la résidence de Sophia M., aux frais d’une de ses entreprises. Depuis, lui et son fils se retrouvent sous contrôle judiciaire.
Enfin, un troisième dirigeant local vient d’être inculpé, selon une déclaration du mardi 28 mai du procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland. Guy M., un promoteur immobilier de 63 ans à la tête de quinze sociétés autour d’Agde, est inculpé depuis le 14 mai pour « abus de biens sociaux », « abus de confiance » et « corruption active ». Lui aussi est soupçonné d’avoir financé « l’aménagement de la cuisine de la maison de la voyante », ainsi qu' »une partie du buffet de son mariage » et « des billets d’avion pour Paris », pour un montant total de 17 000 euros.
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