L’ex-premier ministre Thaksin Shinawatra, qui est rentré de son exil en 2023 et demeure sous libération conditionnelle, est de nouveau confronté à des problèmes judiciaires. Mercredi 29 mai, le procureur général de Thaïlande a révélé que Shinawatra est mis en examen pour lèse-majesté et cybercriminalité. Shinawatra, qui a 74 ans et est atteint de Covid-19, sera formellement mis en examen plus tard, mais avant le 18 juin. En Thaïlande, lèse-majesté est une disposition du code pénal qui condamne toute personne qui a diffamé, insulté ou menacé le roi, la reine, l’héritier présumé ou le régent avec une peine de trois à quinze ans de prison. De plus, non seulement ces peines peuvent être cumulées, mais le champ d’application de cet article est très large et n’importe qui peut porter plainte contre un délinquant.
La poursuite contre Thaksin, un éminent politicien thaïlandais, n’est pas une nouveauté étant donné qu’elle a été initiée en 2016. Il avait temporairement échappé aux accusations lors de son retour en Thaïlande le 23 août 2023, sous prétexte de purger une condamnation de huit ans pour des gains illégaux durant son mandat en tant que premier ministre. Sa peine a été initialement allégée à un an grâce à une grâce royale. De plus, Thaksin a été libéré sous caution pour des raisons médicales après six mois seulement, en raison d’un accord supposément « faustien » entre son parti, le Pheu Thai – qui est devenu la deuxième puissance du Parlement à la suite des élections du 14 mai – et son adversaire de longue date, l’ex-junte militaire fortement conservatrice qui est maintenant en troisième position après les élections mais contrôle un Sénat nommé par les généraux.
Des signes évidents montrent que cet accord est en train de se briser. L’inculpation de M. Thaksin a été déclenchée après qu’en mai, des sénateurs ont initié une procédure de destitution contre l’actuel premier ministre, Srettha Thavisin, perçu comme le disciple fidèle du clan Shinawatra, pour avoir nommé dans son gouvernement une personne condamnée antérieurement par le tribunal, en particulier un ancien avocat de M. Thaksin.
Les groupes ultra-conservateurs passent à l’attaque.
Les anciens conflits ressurgissent : une action en justice pour outrage à la couronne visant M. Shinawatra a été initiée suite à une plainte déposée en mai 2015 par le chef de l’armée thaïlandaise. Cette même armée qui avait orchestré un coup d’État un an auparavant pour renverser le gouvernement d’Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin. Il se fonde sur des déclarations de l’ancien premier ministre en exil depuis 2008, tenues lors d’une entrevue vidéo publiée par le quotidien sud-coréen Chosun Ilbo lors de son séjour en Corée du Sud. Il y impute les manifestations antigouvernementales de 2014 aux « élites traditionnelles » du palais, les accusant d’avoir fomenté ces manifestations pour justifier une intervention militaire, similaire à celle qui l’a renversé en 2006.
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