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30 mai 2024 17 h 13 min

« Philippe Tribaudeau, premier « électrohypersensible » français »

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« Pour un voyageur, ce cadre semble être simplement un coin de verdure embelli par une rivière résonnante… Mais pour lui, c’est tout son univers. Philippe Tribaudeau, âgé de 63 ans, est hypersensible aux ondes électromagnétiques (EHS) et ne peut donc vivre qu’à un endroit exempt d’ondes électromagnétiques. Depuis 2015, aux Alpes-de-Haute-Provence, il a élu domicile sur une portion de la forêt domaniale du Vançon à Entrepierres.

En ce jour lumineux de mai, loin de la saison boueuse d’hiver, son prison à ciel ouvert revêt une allure presque festive. Deux caravanes, une pour le jour, l’autre pour la nuit, des toilettes écologiques, la rivière Vançon qui s’écoule tranquillement et des vêtements qui sèchent suspendus à une corde à linge parmi les pins. Quelques amis loyalistes, membres de son groupe de soutien, lui ont rendu visite.

Proche de la cabane en bois que son père a bâtie pour lui, Lola, âgée de 7 ans, s’amuse et est absorbée par sa lecture d’un vieux Astérix, ‘La Serpe d’or’. Sa mère, Laure Birgy, 38 ans, s’occupe dans l’une des caravanes. Laure Birgy et Philippe se sont connus lors d’une protestation d’EHS, où Laure accompagnait sa mère, Anne Cautain, malade et retournée se réfugier dans une écurie abandonnée d’une ancienne maison de forêt, uniquement éclairée à la bougie. Aujourd’hui, Laure partage son temps entre le camp et un appartement qu’elle a loué à Sisteron pour assurer une vie différente à Lola, qui est scolarisée dans la ville, et pour avoir accès à l’eau courante, nécessaire pour les douches et la lessive.

« D’une profonde détresse. » »

Chaque individu rassemblé célèbre une victoire récente autour d’un plat de pâtes sans gluten. Plus précisément, le 22 février 2024, la cour de justice de Digne-les-Bains a accordé à M. Tribaudeau la permission d’occuper une certaine parcelle de terrain, malgré l’opposition de l’Office National des Forêts (ONF). L’ONF gère cette zone forestière qui s’étend sur 5 800 hectares et avait requis son expulsion. Bien que le juge concède la violation du droit de propriété, il a également statué que le droit à la santé prévalait sur ce dernier. Tant que l’État ne trouve pas d’autre lieu de résidence pour l’occupant, on ne peut le chasser.

Dans une correspondance datée du 28 février, l’avocat de Philippe Tribaudeau déclare: « Le juge a conclu que vous avez prouvé la réalité de votre maladie et qu’une autre zone résidentielle serait une menace potentiel pour votre santé. Ceci équivaut implicitement à une reconnaissance judiciaire de la maladie. » C’est la première fois que la justice admet l’existence de l’électrosensibilité.

Philippe Tribaudeau peut s’évader de sa parcelle plusieurs heures, mais il doit modérer sa liberté. « Ma tête est comme un réceptacle. Je peux absorber des ondes jusqu’à une certaine limite, en m’assurant de revenir ici pour me « vider ». Je peux tenir trois à quatre heures, maximum. Parfois, je m’épuise et au retour, je souffre de douleurs atroces. » Le couple se soutient financièrement avec le RSA, la pension de retraite de Philippe (1 070 euros) et l’aide financière de son beau-père.

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