Le mercredi 29 mai, la revue scientifique Nature a rapporté une découverte astronomique imprévue, qui en toute logique, ne devait pas se produire. Des images capturées par la sonde américaine Lucy de l’astéroïde Dinkinesh ont dévoilé non seulement la présence d’un satellite non observé depuis la Terre, mais aussi que ce dernier était en réalité un duo. Ce satellite a été nommé Selam par l’équipe internationale qui a examiné les photos de Lucy. Il se compose de deux sphères d’environ la même taille (212 et 234 m de diamètre) accolées. C’est ce que les spécialistes appellent un « binaire de contact ».
Mais pourquoi penser que cette découverte était inattendue ? L’exploration de Dinkinesh n’était pas prévue initialement pour Lucy. Cette sonde, lancée en octobre 2021, avait pour mission d’étudier les astéroïdes Troyens, deux ensembles d’astéroïdes piégés à proximité de Jupiter. Etant donné que le voyage est long – Lucy n’atteindra pas le premier groupe de Troyens avant 2027 – la NASA a inclus Dinkinesh (situé dans la ceinture principale d’astéroïdes, entre Mars et Jupiter) comme une cible intermédiaire, essentiellement pour tester certaines fonctionnalités de la sonde.
Certainement, son passage a été fructueux car, même à une distance de 431 kilomètres, une découverte étonnante a été faite. Qu’a exactement observé Lucy ? Avant tout, il a été remarqué que Dinkinesh, tout comme Ryugu et Bénou, dont les sondes Hayabusa-2 du Japon et Osiris-REx des États-Unis ont recueilli des échantillons, affiche une forme de toupie avec une ceinture équatoriale saillante. Les photos capturent également un évidement assez marqué, perpendiculaire à cette crête mais caché par elle, indiquant que la crête est plus récente.
Effet YORP
Selam est en orbite autour de l’astéroïde à une distance de 3,1 kilomètres et effectue une rotation complète en cinquante-deux heures. Comme la période de rotation est identique, les scientifiques pensent que, de la même manière que la Lune expose toujours le même aspect à la Terre, Selam présente constamment le même côté à Dinkinesh. Cependant, Dinkinesh a une période de rotation sensiblement plus rapide, effectuant une rotation complète en moins de quatre heures.
Cette rotation rapide peut être attribuée à l’effet YORP, un acronyme formé des initiales des quatre chercheurs qui l’ont identifié : Ivan Yarkovsky, John O’Keefe, Vladimir Radzievsky et Stephen Paddack. « L’effet YORP est généré par la chaleur solaire reçue sur la surface d’un astéroïde, qui lorsqu’il tourne, est réémise dans une direction différente », explique Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS à l’Observatoire de la Côte d’Azur et grand spécialiste des astéroïdes. « Si l’astéroïde n’est pas parfaitement sphérique, cela peut engendrer une force qui peut accélérer ou ralentir la rotation – que la vitesse de rotation augmente ou diminue dépend fortement de la topographie de la surface. »
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