L’anticipation de ce voyage a persisté pendant des mois, tandis qu’ils ont planifié passionnément pendant des semaines. Ils ont étudié avec soin les cartes de la Normandie, marquant les endroits à voir ou à revoir. Les préparations ont impliqué l’empaquetage soigneux de leurs uniformes, la mise en ordre de leurs médailles, et la préparation des pilules essentielles pour leur routine quotidienne. Leur entourage raconte comment leur vie entière semble centrée sur cette expédition, craignant qu’un incident imprévu – comme une chute ou une maladie – puisse entraver leurs plans. Rien ne devrait les empêcher de faire ce dernier voyage. Pour certains, le 6 juin 1944 est un jour qui a été marqué comme le plus significatif de leur vie ; c’est pourquoi ils ont toute leur légitimité à être présents aux cérémonies commémorant le 80e anniversaire du D-Day. Plus encore, la Mission Libération, qui a la responsabilité de coordonner les célébrations en France avec l’Elysée, a annoncé la présence d’au moins vingt-cinq chefs d’État et de gouvernement, mais les véritables VIP seront les vétérans – ils seront les vraies vedettes.
Certains n’ont jamais remis les pieds en France, tandis que d’autres ont déjà fait le pèlerinage mais pensaient qu’une telle excursion serait impossible compte tenu de leur âge avancé. Bien que l’Angleterre soit à une courte distance et que le ferry permette aux Britanniques de faire le voyage en voiture, que dire des distances depuis San Francisco, Miami, Memphis, Las Vegas (États-Unis) ou Toronto (Canada)?
De nombreuses organisations et volontaires se sont mobilisés pour concrétiser l’inédit, voire l’inouï : l’envoi en France de 250 centenaires et presque-centenaires, impatients et impliqués, résolus à célébrer ensemble l’opération « Overlord », l’attaque qui a démantelé le mur de l’Atlantique et a engendré la chute du Troisième Reich. Deux cent cinquante anciens, installés dans des chaises roulantes pour faciliter le voyage, mais prêts à se tenir debout au son des hymnes nationaux. Deux cent cinquante vétérans qui seront célébrés par des multitudes rassemblées le long des routes de Normandie et salués par des groupes d’enfants.
Fabienne Manteca, la directrice du collège Charles-Letot à Bayeux (Calvados), est emballée à l’idée d’accueillir un groupe d’Américains. Elle révèle que plus de sept cents élèves sont impatients d’honorer ces invités spéciaux au moyen de diverses activités, comme les chorales, les photos, les drapeaux et même le service à la cantine. Les élèves ont intensifié leurs efforts pour améliorer leur anglais, ont prévu des cadeaux et ont rédigé des poèmes pour leurs invités. Ces jeunes veulent en savoir plus sur ces anciens combattants courageux qui, à un âge à peine plus avancé que le leur, ont risqué leur vie pour défendre la liberté. C’est une opportunité unique pour nos élèves de se connecter à l’histoire. Malheureusement, l’ancienne infirmière militaire américaine Betty Rosevear, qui s’était réjouie à l’idée de célébrer son 103e anniversaire avec une interprétation de « Happy Birthday » par les élèves, a dû annuler sa visite pour des raisons de santé. Cet article se poursuit, mais la suite est réservée aux abonnés.