Les discussions intenses et fréquentes sur la récente réforme de l’assurance-chômage n’abordent guère le problème de la santé des chômeurs. Il semble que cette question soit chroniquement négligée, tant dans l’élaboration des réformes successives que dans la mise en œuvre des mesures et des dispositifs visant à faciliter le retour à l’emploi.
Dès 2016, le Conseil économique, social et environnemental mettait en avant que le chômage représentait un « réel enjeu de santé publique ». Selon ce rapport, « 14 000 morts par an » lui sont directement attribuables. Toutes les données épidémiologiques existantes, comme les recherches de Pierre Meneton, chercheur à l’Inserm, qui met en lumière depuis longtemps les risques sanitaires liés au chômage, ou celles de Michel Debout, professeur en médecine légale et droit médical, sur le traumatisme causé par le chômage, indiquent sans ambiguïté que les personnes sans emploi ont une propension plus grande à développer des problèmes de santé par rapport à celles qui sont en poste.
De fait, le chômage est associé à une mortalité toutes causes confondues 60% supérieure à celle des personnes ayant un emploi. Les chances de se suicider sont trois fois plus élevées chez les chômeurs par rapport aux personnes en activité. Les risques de cancer, d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral sont augmentés de 80% par rapport aux « actifs ». La situation est similaire en matière de santé mentale : le risque de vivre un épisode dépressif est plus élevé (24% des hommes et 26% des femmes, comme le montre une étude de la Dares) et un épisode de chômage de six mois ou plus, même passé, peut avoir un impact à long terme sur le bien-être d’une personne.
La situation de précarité s’est intensifiée.
Finalement, il est essentiel de se rappeler que nos conditions de vie jouent un rôle majeur dans notre santé. Notons que malgré les stéréotypes persistants du chômeur « tricheur » ou « paresseux », plus d’un tiers des individus sans emploi subsistent en dessous du niveau de pauvreté. C’est également le cas pour un tiers des seniors qui ne sont ni employés, ni à la retraite, ainsi que pour les jeunes. En effet, les jeunes âgés de 18 à 24 ans affichent un taux de pauvreté quasiment deux fois supérieur à la moyenne nationale française. Ils sont souvent coincés dans un cycle de contrats à court terme et de périodes de chômage, incapables de trouver un emploi stable, ou se résignent même souvent à l’inactivité.
Pour ce qui est des femmes, il est reconnu que le travail est un moyen d’émancipation. Cependant, le manque d’emploi ou sa précarité met en péril leur autonomie et les rend dépendantes de leur conjoint. Ce phénomène entraîne un risque accru de violences sexistes et sexuelles. Alors, comment envisager l’entrée ou le retour sur le marché du travail face à un tel dilemme : souffrir d’une mort sociale en restant enfermée à la maison, ou s’éreinter dans des petits boulots souvent contraints à temps partiel ?
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