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« Changement tactique russe à Kharkiv »

La diffusion en direct a également été animée par Pierre Bouvier, Romain Del Bello, Dorian Jullien, Jean-Philippe Lefief et Anna Villechenon. Il est essentiel de lire tous nos articles, analyses et reportages concernant la guerre en Ukraine. Les reportages approfondis, les décodages et les analyses du « Monde » mettent en lumière l’impact de ce conflit.

La Crimée demeure une priorité pour Kiev. L’Ukraine est fortement émue après le bombardement d’une de ses plus grandes imprimeries, considérée comme un symbole culturel. Les Ukrainiens, bien que fatigués et subissant des revers, sont déterminés à ne pas déposer les armes. La guerre a progressivement évolué vers une dimension électronique dans les tranchées.

La Russie défie l’hégémonie des États-Unis dans l’espace. À vendre : l’Hôtel Ukraine à Kiev, avec ses 363 chambres, pour un prix minimum de 23,5 millions d’euros. Les lettres d’Olga et de Sasha donnent un aperçu de la résilience du peuple ukrainien: malgré les bombardements intensifs dans certaines villes, ils continuent de travailler, de créer des entreprises et de se cultiver.

Volodymyr Zelensky a embrassé un rôle présidentiel pour une durée indéterminée en Ukraine. La recherche des personnes disparues est un défi vertigineux dans ce contexte de guerre. Nous répondons à vos questions les plus courantes.

Comment les drones sont-ils utilisés par Moscou et Kiev? La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifiée au fil des mois. Un rapport récent du think tank britannique spécialisé dans la défense a révélé que l’Ukraine perd environ 10 000 drones par mois sur le terrain de bataille, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française a un peu plus de 3 000 avions sans pilote dans ses réserves.

Dans le cadre du conflit qu’ils mènent, les Ukrainiens et les Russes emploient principalement des petits véhicules aériens sans pilote (UAV en anglais), issus de l’industrie civile et relativement abordables. Leur rôle est d’assurer la surveillance du champ de bataille et de guider les troupes ou les tirs d’artillerie. De plus, certains ont été modifiés pour emporter de petites charges explosives, qui sont larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Bien que leur nombre soit plus restreint, les drones kamikazes jouent aussi un rôle clé dans ce conflit. Équipés de charges explosives, ces UAV sont déployés au-dessus de la ligne de front sans objectif prédéfini. Moscou utilise des drones Lancet-3 russes, ainsi que des Shahed-136, fabriqués en Iran. Malgré l’absence d’une véritable flotte de guerre, l’Ukraine riposte en utilisant des embarcations maritimes sans pilote, des petits kayaks télécommandés et chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).

Les drones jouent un rôle crucial dans leurs opérations, tant pour les Ukrainiens que les Russes. Ils ont ainsi mis en place des dispositifs pour fournir à leurs troupes une quantité suffisante de drones civils achetés sur le marché, mais également en développant des capacités de production nationale. En effet, si l’industrie ukrainienne était encore balbutiante au début de la guerre du Donbass il y a une dizaine d’années, elle a depuis lors nettement progressé. Fin août, le ministre ukrainien de la Transformation numérique a annoncé la création d’une copie du drone russe Lancet, qui sera prochainement mise sur le marché sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Les sanctions occidentales entravent l’accès de la Russie aux composants électroniques, impactant son développement technologique. Cependant, on rapporte que la Russie a amorcé l’édification d’une fabrique dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour produire des drones-kamikazes modélisés sur des conceptions iraniennes comme les Shahed-136, selon les sources de renseignements américains.

En ce qui concerne l’arsenal de missiles de la Russie, leurs évaluations demeurent obscures, voire inaccessibles. Les services de renseignements ukrainiens partagent fréquemment des informations à ce sujet, néanmoins, le sérieux de ces données est questionable.

Avant la guerre, l’armée russe comptait 2 300 missiles balistiques ou de croisière, selon Andri Ioussov, représentant de la direction générale du renseignement du ministère de la défense (GUR), tel qu’indiqué sur Liga.net. Plus de 900 étaient toujours en leur possession en début d’année, en complément à des dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300 d’une portée d’environ 120 km, ainsi qu’un stock substantiel de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky, le second en commandement du GUR, revelait le chiffre de 585 missiles avec une portée de plus de 500 km.

Concernant leurs capacités de production, elles s’élèveraient à environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon divers experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

D’après certaines allégations, la Russie aurait obtenu des missiles de courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, et continuerait d’en obtenir. Plusieurs sources iraniennes, citées par Reuters, indiquent que depuis janvier, l’Iran a livré 400 missiles de type Fateh-110 (d’une portée de 300 à 700 kilomètres) à la Russie, suite à un accord supposé. Le nombre de missiles acquis auprès de la Corée du Nord par la Russie reste inconnu, mais 24 d’entre eux auraient été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon Andriy Kostin, le procureur général. Des spécialistes ayant analysé les débris et les trajectoires suggèrent qu’il pourrait s’agir de missiles KN-23 et KN-24, ayant une portée approximative de 400 kilomètres.

Concernant la question des avions de combat F-16, en août 2023, suite à la demande du président ukrainien, les États-Unis ont accepté de transférer ces avions de combat à l’Ukraine. Plus de 300 F-16 potentiels sont répartis dans neuf pays européens – dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, entre autres – mais tous ne peuvent pas immédiatement les transférer.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a mentionné que les alliés occidentaux avaient promis 42 F-16 à Kiev, mais cette information n’a pas été validée. Le Danemark a promis d’en fournir 19. Les six premiers ne devraient pas être livrés avant fin 2023, huit autres en 2024 et cinq en 2025, comme l’a annoncé la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Quant aux Pays-Bas, bien qu’ils aient également promis d’en donner, ils n’ont pas indiqué la quantité qu’ils prévoyaient de transférer, sachant qu’ils disposent de 42 unités.

En outre, les aviateurs ukrainiens nécessitent une formation pour piloter les avions de guerre américains. Onze alliés de l’Ukraine ont promis d’offrir cette formation. L’OTAN estime que les militaires ukrainiens ne pourront utiliser ces avions en combat qu’à partir du début de 2024, tandis que d’autres spécialistes visent plutôt l’été de cette même année.
Quelle assistance militaire ses alliés fournissent-ils à Kiev ?
Deux ans après le déclenchement d’une guerre de grande envergure, l’élan d’aide occidental à Kiev ralentit : de août 2023 à janvier 2024, le soutien nouveau a décliné comparé à la même durée de l’année précédente, d’après le dernier rapport de l’Institut Kiel, diffusé en février 2024. Cette tendance pourrait perdurer, avec le sénat américain luttant pour passer les aides, et l’Union Européenne (UE) ayant eut du mal à adopter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, à cause du blocage hongrois. À préciser, ces deux aides ne sont pas encore incluses dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.
Les détails de l’institut allemand révèlent que le nombre de donateurs diminue et se restreint autour d’un noyau de pays : les États-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui promettent à la fois une aide financière conséquente et des armements sophistiqués. En tout, depuis février 2022, les pays qui soutiennent Kiev ont promis au minimum 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.

Dans l’absolu, les nations les plus prospères se sont révélées être les plus altruistes. Avec une contribution d’aide de plus de 75 milliards d’euros, dont 46,3 milliards destinés à l’aide militaire, les États-Unis sont indéniablement les principaux bailleurs de fonds. Avec des aides bilatérales de l’ordre de 64,86 milliards d’euros et des aides collectives provenant des fonds européens atteignant 93,25 milliards d’euros, les pays de l’Union européenne ont promis un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, si ces engagements sont mesurés par rapport au produit intérieur brut (PIB) de chaque nation donatrice, la hiérarchie se trouve modifiée. Les États-Unis, avec seulement 0,32% de leur PIB, se retrouvent relégués à la vingtième place, loin derrière certains pays riverains de l’Ukraine ou des anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie arrive en tête en terme de contributions en proportion du PIB, avec 3,55%, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) complètent le top 5. Les trois États baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début de la crise.

Dans le classement basé sur le pourcentage du PIB, la France est à la vingt-septième place avec un engagement représentant 0,07% de son PIB, tout juste devancée par la Grèce (0,09%). L’assistance de la France connait un recul constant depuis le début de l’agression de l’Ukraine par la Russie, la France occupait la vingt-quatrième place en avril 2023 et la treizième durant l’été 2022.

Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne?

La tension s’intensifie depuis quelques mois entre la Pologne et l’Ukraine, avec le transit de céréales ukrainiennes comme principal point de discorde. Au printemps 2022, pour soutenir le trafic et la vente de produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, une voie de solidarité sans tarifs douaniers avait été mise en place par la Commission européenne. Toutefois, près de la moitié des céréales ukrainiennes se dirigent ou terminent leur voyage au sein de l’Union européenne (UE), comme le révèle la Fondation Farm, un think tank spécialisé dans les problèmes agricoles mondiaux. Ces céréales affichent un prix nettement inférieur à celui du blé produit au sein de l’UE, surtout dans les pays d’Europe centrale.

Sous prétexte que ces céréales perturbent le marché local et donc les revenus de leurs fermiers, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont imposé un embargo sur leurs importations en avril 2023. Un embargo que Bruxelles a approuvé, à la condition qu’il ne bloque pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne s’étende pas au-delà de quatre mois. Varsovie, jugeant que le problème de fond n’était toujours pas résolu, a choisi de ne pas lever l’embargo sur les céréales ukrainiennes après l’été. Cependant, Bruxelles estimait que l’embargo n’était plus nécessaire, étant donné que leurs analyses démontraient qu’il n’y avait plus de perturbation des marchés nationaux pour les céréales.

Les fermiers polonais sont actuellement en train d’organiser un blocus à la frontière avec l’Ukraine, empêchant les camions ukrainiens de pénétrer sur leur sol national. Leur revendication principale est la mise en place d’un embargo total sur les importations agricoles et de produits alimentaires ukrainiens. Ils justifient cette demande par l’augmentation considérable de leurs dépenses de production, conjuguée à la saturation des entrepôts de stockage, pour cause de prix excessivement bas. Le président ukrainien a exprimé son inquiétude début 2024 en insistant sur le fait que cette situation illustrait l’affaiblissement de la solidarité envers l’Ukraine. Il a aussi exigé une discussion avec la Pologne à ce sujet. Pour lui, seule la Russie trouve un motif de satisfaction dans cette tension accrue. Il a également condamné la diffusion de propos clairement favorables à Poutine.

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