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« Pologne: Lever restrictions armes Ukraine »

Ce live a été animé par Pierre Bouvier, Romain Del Bello, Dorian Jullien, Charlotte Herzog et Jean-Philippe Lefief. Nous proposons de nombreux articles, reportages et analyses sur la situation en Ukraine. La question de la Crimée demeure une préoccupation majeure pour Kiev. L’Ukraine a été très émue suite au bombardement de l’une de ses plus grandes imprimeries, symbole culturel du pays. En dépit de la fatigue et des pertes, les Ukrainiens engagés au front sont déterminés à ne pas déposer leurs armes. La guerre s’est en grande partie déplacée sur le terrain de l’électronique dans les tranchées. La Russie met au défi la suprématie des États-Unis dans l’espace. L’Hôtel Ukraine à Kiev, qui compte 363 chambres, est en vente à partir de 23,5 millions d’euros. On peut lire dans les lettres d’Olga et de Sasha que même dans les villes les plus bombardées, les habitants continuent de travailler, de créer des entreprises et de se cultiver avec persévérance. Volodymyr Zelensky conserve son poste de président à durée indéterminée. La recherche des personnes disparues est un défi colossal. Nous répondons également aux questions que vous posez le plus souvent. Comment les Russes et les Ukrainiens utilisent-ils des drones ? Depuis plusieurs mois, la guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a pris une dimension sans précédent. Un rapport d’un groupe de réflexion britannique spécialisé dans les questions de défense, publié en mai 2023, indique que les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. À titre de comparaison, l’armée française compte un peu plus de 3 000 drones dans ses arsenaux.

Dans l’arsenal principal des ukrainiens et des russes, on trouve de nombreux petits véhicules aériens non-habités (UAV) civils, qui sont à la fois peu coûteux et largement disponibles. Ces drones sont principalement utilisés pour observer le champ de bataille, guider les troupes ou les frappes d’artillerie. Certains ont été adaptés pour transporter de petites charges explosives qui peuvent être larguées sur des tranchées ou des blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, jouent aussi un rôle significatif. Équipés d’explosifs, ces UAV sont déployés au-dessus de la ligne de front sans cible prédéfinie. Les Russes utilisent des drones Lancet-3 de fabrication russe et Shahed-136 de fabrication iranienne. Par ailleurs, l’Ukraine, qui ne possède pas une puissance navale comparable, déstabilise l’ennemi avec des véhicules maritimes sans pilote, des kayaks miniatures pilotés à distance et remplis d’explosifs (450 kg de TNT).

La dépendance envers les drones pour les opérations de combat a entraîné l’organisation de l’Ukraine et de la Russie pour assurer un approvisionnement constant pour leurs troupes, non seulement en achetant des UAV civils en grandes quantités, mais également en développant des capacités de production internes. Bien que l’industrie nationale ukrainienne était à ses débuts lors de la guerre de Donbass qui a commencé il y a dix ans, elle a depuis lors fortement progressé. En août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’une réplique du drone russe Lancet avait été développée et serait bientôt déployée sous le nom de Peroun, d’après le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

En raison des restrictions occidentales qui entravent son approvisionnement en composants électroniques, la Russie peine à répondre à ses besoins. Cependant, les services de renseignement américains affirment que Moscou aurait initié la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour la production de drones kamikazes de type iranien, semblables aux Shahed-136.

Il est toutefois délicat d’évaluer le stock de missiles russes, si ce n’est impossible. Les services de renseignement ukrainiens rendent des comptes régulièrement, mais leurs chiffres peuvent être discutables. Andri Ioussov, représentant de la direction de l’intelligence du ministère de la défense (GUR), mentionné par Liga.net, a indiqué que l’armée russe comptait 2300 missiles balistiques ou de croisières avant la guerre et a conservé plus de 900 au début de cette année. Selon lui, il faut également tenir compte de dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée d’environ 120 kilomètres, et un large stock de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. Vadym Skibitsky, le deuxième responsable du GUR, a avancé en août le nombre de 585 missiles avec une portée dépassant 500 kilomètres.

Quant à la capacité de production, elle serait désormais d’une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon plusieurs experts. En octobre, le GUR estime cette production à 115 unités.

La Russie aurait acheté des missiles de courte distance en Iran et en Corée du Nord et continuerait à le faire. L’agence de presse Reuters, en citant diverses sources iraniennes, affirme que 400 missiles iraniens de la gamme Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés à la Russie depuis janvier, date à laquelle un accord a apparemment été conclu. Il n’est pas clair combien de missiles provenant de Corée du Nord ont été acquis par la Russie, mais 24 d’entre eux ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont analysé les débris et les trajectoires pensent qu’il s’agit vraisemblablement des modèles KN-23 et KN-24, qui ont une portée d’environ 400 kilomètres.

Quant aux avions de combats F-16, les États-Unis ont donné leur feu vert en août 2023 pour leur transfert à l’Ukraine, répondant à une demande de longue date du président ukrainien. Bien qu’il y ait plus de 300 F-16 disponibles dans neuf pays européens – comme la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal – tous les pays qui en possèdent ne peuvent pas instantanément en céder.

Volodymyr Zelensky a mentionné le nombre de 42 F-16 promis à Kiev par les alliés occidentaux, mais cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark a promis d’en donner 19. Six d’entre eux ne seront pas livrés avant la fin de 2023, huit autres en 2024 et cinq en 2025, d’après Mette Frederiksen, la première ministre danoise. Les Pays-Bas ont également promis des F-16, ils en ont 42 en tout, mais ils n’ont pas déclaré combien ils prévoyaient d’en céder.

Les forces aériennes ukrainiennes recevront une formation sur les appareils de combat américains, un effort soutenu par onze alliés de l’Ukraine. Cependant, l’OTAN prévoit que ces soldats ne seront prêts pour le combat qu’au début de 2024, certains experts allant jusqu’à dire qu’ils n’y seront prêts qu’en été.

Quelle assistance militaire ses alliés apportent-ils à l’Ukraine ?

Deux ans après le début du conflit à grande échelle, le soutien occidental à l’Ukraine semble ralentir. Selon un rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024, les assistances récemment promises ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à la même période de l’année précédente. Cette tendance pourrait s’accentuer, l’Union européenne (UE) et le Sénat américain ayant rencontré des difficultés pour faire approuver une aide supplémentaire, notamment en raison de l’opposition de la Hongrie. Il est à noter que ces deux aides n’ont pas encore été inclues dans le rapport de l’Institut Kiel, qui ne couvre que jusqu’à janvier 2024.

Le rapport de l’institut allemand révèle également que le nombre de donateurs diminue, mais se concentre principalement autour des Etats-Unis, de l’Allemagne et des pays du nord et de l’est de l’Europe, qui promettent une aide financière importante et des armements avancés. Depuis février 2022, l’ensemble des pays soutenant l’Ukraine se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en support militaire, financier et humanitaire.

En termes de valeur nette, les nations les plus prospères ont affiché la plus grande magnanimité. Les États-Unis ont été les plus grands contributeurs, en promettant une aide de plus de 75 milliards d’euros, dont 46,3 milliards pour l’aide militaire. Les pays de l’Union Européenne ont promis des aides à la fois bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’Union Européenne (93,25 milliards d’euros), pour un montant total de 158,1 milliards d’euros.
Cependant, en prenant en compte le produit intérieur brut (PIB) des pays donateurs, le classement est modifié. Les États-Unis sont relégués à la vingtième place (0,32% de leur PIB), loin derrière les pays voisins de l’Ukraine et les anciennes républiques soviétiques amiales. L’Estonie arrive en tête des aides en pourcentage du PIB avec 3,55%, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) complètent le top 5. Les trois États baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, figurent parmi les plus grands donateurs depuis le commencement du conflit.
En terme de pourcentage du PIB, la France se trouve à la vingt-septième place, ayant engagé 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). L’aide promise par la France a régulièrement diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France était à la vingt-quatrième place en avril 2023, et à la treizième place en été 2022.
Que peut-on dire des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis plusieurs mois, l’Ukraine et la Pologne ont des relations assez tendues, principalement à cause du transit des céréales ukrainiennes. En 2022, la Commission européenne avait établi des « corridors de solidarité » pour faciliter le transport et la vente de produits agricoles ukrainiens exempts de droits de douane vers le Moyen-Orient et l’Afrique. Toutefois, la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les questions agricoles mondiales, relève que près de 50% des céréales ukrainiennes transitent ou finissent leur chemin dans l’Union européenne (UE). Ces céréales ont un coût nettement inférieur par rapport au blé produit en UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

En raison de l’impact de ces céréales sur leur marché local et les revenus de leurs agriculteurs, certaines nations comme la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont unilatéralement décidé de bloquer leurs importations en avril 2023. Bruxelles avait consenti à cet embargo, à condition qu’il ne nuise pas au transit vers d’autres pays et qu’il se limite à quatre mois. Cependant, Varsovie a choisi de maintenir fermée sa frontière aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, malgré le fait que, selon Bruxelles, l’embargo n’était plus valide car leurs études révélaient « qu’il n’existait plus de distorsion sur les marchés nationaux des céréales ».

Des fermiers en Pologne ont mis en place une barricade à leur frontière avec l’Ukraine afin de stopper l’entrée des camions ukrainiens sur leur territoire national. Ils exigent un  »embargo total » sur les produits agro-alimentaires ukrainiens. Ils pointent du doigt la forte augmentation de leurs frais de production alors que leurs entrepôts et silos sont pleins à craquer et que les prix cotés au plus faible. Selon le Président ukrainien, ce blocage à la frontière polonaise est le témoignage d’une  »détérioration de la solidarité » envers son pays et a demandé la tenue de discussions avec la Pologne.  »Seule Moscou se complait » dans ces tensions a-t-il ajouté, condamnant l’apparition de slogans affichant un soutien clair à Poutine.

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