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Peur des déserteurs kazakhs vers Russie

Oleg (nom modifié pour des raisons de protection) est un ancien militaire russe dans la trentaine, qui réside à Astana, la capitale du Kazakhstan, depuis sa désertion de l’armée en 2022. Originaire d’une ville située à l’intérieur du cercle polaire russe, où les températures peuvent atteindre -50 °C à -60 °C en hiver, il mène une vie sans logement, compte bancaire ou carte SIM à son nom.

Issu d’un milieu pauvre où l’armée est souvent la seule possibilité de survie, il a été déployé dans les zones de combat les plus intenses dès le début de la guerre en Ukraine. Ne comprenant pas l’utilité de ce conflit et après avoir tenté sans succès de démissionner à plusieurs reprises, Oleg a saisi l’opportunité d’une permission de rentrer chez lui pour traverser la frontière vers le Kazakhstan en un jour.

Selon le Bureau international du Kazakhstan pour les droits de l’homme (BIKDH), une ONG indépendante, plus d’une quinzaine de militaires comme Oleg vivraient en Asie centrale pour fuir l’horreur de la guerre ukrainienne, bien que le nombre réel puisse être beaucoup plus élevé. En 2022, l’ex-république soviétique a accueilli 400 000 Russes suite à la mobilisation partielle, et est rapidement devenue un refuge pour les déserteurs et les opposants. Dans ce pays où le russe est largement parlé et le coût de la vie est abordable, il n’y a pas besoin de passeport, que les militaires russes n’ont généralement pas, pour entrer.

La traversée de la frontière vers cet état voisin de la Russie n’offre plus une garantie de protection. L’entraide judiciaire entre le Kazakhstan et la Russie permet l’arrestation de toute personne recherchée par Moscou, y compris les déserteurs de l’armée, en vertu de l’article 338 du code pénal russe. Le Kazakhstan a été le lieu d’arrestation de cinq personnes en deux ans, ce qui a forcé les résidents à rester discrets, préférer le travail clandestin quotidien et à éviter l’utilisation de leurs cartes bancaires. Jusqu’à présent, cependant, aucun des résidents n’a été extradé par le Kazakhstan car « le crime de désertion n’est pas reconnu comme un motif légitime pour l’extradition dans le code pénal kazakh », selon Denis Djivaga, avocat au BIKDH. Malgré tout, Oleg reste vigilant et dit être « plus nerveux que d’habitude », en particulier après l’arrestation de Kamil Kasimov le 23 avril.
« Il a été enlevé illégalement »
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