D’après le quotidien britannique « The Guardian », le Mossad, le service de renseignement extérieur d’Israël, aurait cherché à influencer la Cour pénale internationale (CPI). Yossi Cohen, l’ancien directeur du Mossad, aurait tenté à plusieurs occasions d’exercer une pression sur Fatou Bensouda, ancienne procureure en chef de la CPI, afin de stopper la procédure qui a conduit son successeur à requérir l’émission de mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
Yossi Cohen aurait eu des « échanges confidentiels » avec Fatou Bensouda dans les années précédant l’ouverture d’une enquête en 2021 concernant les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qui auraient pu être commis dans les territoires palestiniens occupés.
Outre Nétanyahou, les mandats d’arrêt déposés le 20 mai par Karim Khan, qui a pris la relève de Fatou Bensouda en juin 2021, visent également le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, et trois chefs du Hamas.
Selon un haut responsable israélien anonyme cité par The Guardian, ces « échanges » avaient été approuvés « à un haut niveau », du fait que la procédure de la CPI aurait pu déclencher des poursuites à l’encontre de militaires israéliens. Le but du Mossad était de gagner la collaboration de la procureure ou, si cela échouait, de la discréditer, selon une autre source israélienne connaissant cette opération.
Fatou Bensouda a alerté d’autres membres du personnel de la CPI sur le comportement alarmant et de plus en plus agressif de Yossi Cohen, comme le rapporte le Guardian, information que quatre personnes ont pu confirmer. D’après eux, le chef du Mossad a déclaré à la procureure : « Nous devrions veiller à votre bien-être, vous ne devriez pas vous impliquer dans des affaires qui pourraient menacer votre sécurité et celle de votre famille. »
Le Mossad aurait manifesté un intérêt particulier pour la famille de Mme Bensouda, en obtenant des transcriptions d’enregistrements confidencieux de son conjoint, comme le révèlent deux sources bien informées de la situation. Ensuite, des officiels israéliens auraient essayé d’exploiter ces documents pour discréditer la procureure.
Un porte-parole du premier ministre israélien a démenti ces accusations dans une déclaration au Guardian, qualifiant ces allégations de fausses et destinées à porter atteinte à l’État d’Israël. Le journal n’a reçu aucune réponse aux questions posées à M. Cohen. Quant à Mme Bensouda, elle a refusé toute déclaration sur le sujet.
Karim Kahn a émis un avertissement, le 3 mai, à l’égard de « ceux qui menacent la CPI de représailles », sans donner davantage de détails sur l’origine de ces menaces.
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