Le 16 avril, la mission Libération au ministère de la Défense a fait part de sa volonté d’accueillir la Russie lors des festivités commémoratives du 80e anniversaire du débarquement allié. Le but est de commémorer le rôle crucial joué par les peuples soviétiques, leurs sacrifices et leur contribution significative à la victoire de 1945.
Cependant, cette déclaration a soulevé une vague de consternation au sein de la communauté ukrainienne et parmi ceux qui la soutiennent dans sa lutte pour l’existence. De nombreuses figures publiques, fidèles aux idéaux de la Résistance et de la Libération, ont également été choquées.
En effet, inviter la Russie à représenter les peuples soviétiques implique de la considérer comme l’héritière de la lutte contre le nazisme sur le front de l’Est. Cela revient à placer sous l’autorité du chef du Kremlin la mémoire de tous les soldats de l’Armée rouge et de tous les partisans des quinze pays qui ont émergé de la dissolution de l’URSS en 1991. À ce titre, les héritiers de ces combattants sont tout aussi ukrainiens, kazakhs, kirghizes, géorgiens, turkmènes, baltes, biélorusses, etc. que russes. Il ne faut pas non plus oublier les Tatars de Crimée qui, sur ordre de Staline, ont été déportés du 18 mai au 8 juin 1944, pendant l’opération « Overlord », à un coût d’environ 100 000 vies.
Plusieurs anciennes républiques soviétiques, dont l’Ukraine, ont subi un tribut au moins aussi lourd que la Russie pour la victoire finale, proportionnellement à leur population.
Le récit de l’Union Soviétique est marqué par la bravoure de nombreux Ukrainiens. L’un d’eux, le maréchal Andreï Ieremenko (1892-1970), était commandant du front de Stalingrad, qui réunissait de multiples armées, avant d’être commandant du front ukrainien à partir de septembre 1943, conduisant ses forces jusqu’à Prague. Un autre, le pilote Ivan Kojedoub (1920-1991), qui a obtenu le plus grand nombre de victoires aériennes au cours du conflit, est considéré comme l’élite des forces aériennes alliées.
Né dans la ville ukrainienne de Soumy, largement annihilée par l’offensive russe en mars 2022, Kojedoub a été honoré par le titre de héros de l’Union soviétique à trois reprises. Sur notre propre territoire, le cimetière de Cintheaux entre Caen et Falaise (Calvados) accueille les tombes de quatre-vingt-huit Canadiens d’origine ukrainienne, tombés pendant la bataille de Normandie, comme le soldat Mathew Hydichuk.
Depuis 2014, cette même Ukraine est la cible d’un assaut russe, occasionnant des viols, des kidnappings d’enfants, des tortures et des attaques contre les hôpitaux, écoles ou infrastructures d’énergie. Quel autre pays peut prétendre à une défense plus déterminée des principes de liberté et de démocratie incarnées par le triomphe de 1945 ?
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