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29 mai 2024 1 h 13 min

« ChatXiPT »: IA chinoise reflète Xi Jinping

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Le Cyberespace de l’Académie chinoise a révélé récemment le développement d’une nouvelle intelligence artificielle (IA), qui est principalement axée sur la philosophie du président Xi Jinping. Cette annonce a été partagée sur les plateformes de médias sociaux le lundi 20 mai. Les journalistes lui ont rapidement donné le surnom de « ChatXiPT ».

Dans la première phase, le chatbot sera utilisé pour la consommation interne par les experts chinois en technologies internet. Le système est une fusion de sept bases de données, incluant six sur la technologie et une dédiée à « la pensée de Xi Xinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour la nouvelle ère », une philosophie du président qui s’est intégrée à la constitution en 2018.

Il est suggéré de rechercher les différences entre les forces productives traditionnelles et les « nouvelles forces productives », un sujet populaire récurrent dans le discours de Xi Jinping, visant à booster l’économie en se concentrant sur les industries de l’avenir.

D’autre part, le cas de « ChatXiPT » est considéré comme extrême. Il faut noter que d’autres programmes d’IA en Chine, basés sur le modèle du ChatGPT et destinés au grand public, n’abordent pas les idées rouges et évoquent des sujets inoffensifs. Cependant, ils restent taciturnes lorsque des questions sensibles sont soulevées. Cette nouvelle approche du large language model (LLM) pose la question de savoir si un état qui renforce continuellement le contrôle des idées peut être novateur en matière d’IA et devenir la puissance technologique dominante, tel que Pékin l’ambitionne.

Le défi auquel font face les concepteurs chinois est réel: ils doivent faire comprendre aux autorités la façon dont leurs produits fonctionnent en amont, ce qui entraîne des mois de processus. Par conséquent, le lancement du produit prend du temps et les Intelligences Artificielles ne sont pas autorisées à faire des erreurs politiques. Tout comme l’émergence des forums, suivie par celle des applications de messagerie routées par les géants de l’internet (Tencent, Baidu ou Alibaba), la charge de s’assurer qu’aucun contenu interdit n’apparait, revient d’abord aux entrepreneurs.

Tensions avec l’Amérique
Les choses se compliquent en IA. Il ne s’agit plus seulement d’intégrer une liste de mots interdits et de réinitialiser la connexion quand un mot banni est utilisé. Il est désormais nécessaire de générer des réponses qui correspondent aux attentes du pouvoir, surtout à une époque où la direction du Parti Communiste souhaite re-engager la société autour des valeurs qui sont chères à M. Xi.

D’autre part, il y a cette constante contrainte qui ne pousse pas à la prise de risque en termes de production de contenu. En outre, les tensions croissantes avec les États-Unis, le centre actuel de l’innovation en IA, ont empêché Nvidia, le leader des puces électroniques de pointe, de livrer ses derniers modèles à la Chine, qui cherche en même temps à se distancier de Wall Street, dont l’importance financière et l’appétit pour le risque facilitent les avancées technologiques.