La France a récemment été ébranlée par un événement tragique qui a causé la mort de deux agents pénitentiaires et gravement blessé trois autres. Le 14 mai, lors du transfert d’un trafiquant de drogue au péage d’Incarville dans l’Eure, une attaque d’une extrême violence a eu lieu. Ce malheureux incident se produit dans un contexte où les problèmes récurrents et les défis sur le lieu de travail sont fréquemment mis en lumière par diverses enquêtes nationales et internationales effectuées auprès du personnel carcéral.
Travailler dans le milieu carcéral expose à un ensemble unique de défis. La prison, même si elle a perdu une partie de son caractère clos et strict, demeure un lieu imprégné d’anxiété et de suspicion, un environnement où les sources de tension sont constantes et où les enjeux de sécurité dominent toutes les activités et relations sociales. La prison décourage, fatigue et érode. Elle est confrontée à des problèmes persistants, qui semblent insurmontables.
Un défi exigeant
La vie quotidienne d’un gardien de prison est donc exigeante et difficile, impliquant d’importantes responsabilités humaines. Les surveillants sont confrontés à des conditions de travail difficiles : surpopulation, manque de ressources, délabrement de certaines installations et le stress inhérent à la nature de leur travail. Le travail est également éprouvant sur le plan émotionnel, car les surveillants doivent continuellement interagir avec des individus en détresse ou en conflit avec la loi.
Les personnels pénitentiaires font l’expérience de tensions, d’affrontements et de sentiments de culpabilité et d’auto-dévalorisation dans l’exercice de leurs missions. Des situations traumatiques, comme l’attaque mortelle survenue dans l’Eure, peuvent se produire, bien qu’elles soient exceptionnelles et extrêmement graves. Néanmoins, les gardiens de prison subissent quotidiennement d’autres types de violences psychologiques (insultes, menaces, crachats) et physiques, qui ont des impacts sérieux sur leur état mental.
Un soutien psychologique en cas d’incidents violents ou sérieux est important pour le personnel, et est une manière nécessaire d’apprécier et de reconnaître leur souffrance. Cependant, cette mesure semble insuffisante face à la conception de la peine et à la structure du système carcéral.
Les problèmes de recrutement, les départs, les incapacités et les absences longues ou fréquentes ont contribué à la prise en compte par l’administration pénitentiaire de l’image dévalorisée du métier et des défis spécifiques du travail en prison. Pourtant, le recrutement est de plus en plus difficile, alors que les prisons françaises n’ont jamais été aussi remplies : 77 450 détenus pour 61 570 places au 1er avril 2024. Cela alourdit la charge de travail du personnel, menant à une diminution des interactions entre les gardiens et les détenus, ce qui accroît les tensions et favorise les violences.
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