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28 mai 2024 21 h 12 min

« Macron: Kiev doit ‘neutraliser’ bases russes »

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Les animateurs de ce live étaient : Romain Del Bello, Dorian Jullien, Charlotte Herzog et Jean-Philippe Lefief.
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Comment les drones sont-ils employés par Moscou et Kiev ?
La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a intensifié ces derniers mois. Un rapport britannique publié en mai 2023 par un institut spécialisé en défense souligne que les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le front, soit plus de 300 chaque jour. Par comparaison, l’armée française compte un peu plus de 3000 aéronefs sans pilote. »

Principalement, aussi bien les Ukrainiens que les Russes font usage de petits véhicules aériens sans pilote (UAV) civils, qui sont relativement peu coûteux et largement disponibles. Ces UAVs sont exploités pour surveiller le terrain de guerre et diriger les forces militaires ou les tirs d’artillerie ; certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont par la suite déversées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, ont également un rôle d’importance. Équipés d’explosifs, ces UAV sont déployés au-dessus de la ligne de front sans mission spécifique préassignée. Les Russes utilisent leurs propres drones, les Lancet-3, ainsi que les Shahed-136, fabriqués en Iran. En l’absence d’une véritable flotte de guerre, l’Ukraine défie son adversaire avec des navires maritimes sans pilote : de petits kayaks télécommandés, remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).

Preuve de l’importance cruciale des drones pour leurs missions, les forces militaires ukrainiennes et russes se sont équipées pour soutenir leurs troupes à long terme, non seulement en acquérant en grand nombre des drones civils sur le marché, mais aussi en établissant leurs propres capacités de production. L’industrie nationale ukrainienne, qui était encore naissante lors du déclenchement de la guerre du Donbass dix ans plus tôt, a depuis renforcé significativement ses capacités. Fin août, le ministre ukrainien de la Transformation numérique a annoncé la mise au point d’une version du drone russe Lancet, qui sera bientôt lancée sous le nom de Peroun, du nom du dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, entravée par des restrictions occidentales sur l’approvisionnement en composants électroniques, met en place une tentative pour intensifier la production. Les services de renseignement américains ont déclaré que la Russie a commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour produire des drones kamikazes inspirés des designs iraniens tels que le Shahed-136.

Il est difficile d’évaluer précisément l’état actuel du stock de missiles de l’armée russe, bien que les services de renseignements ukrainiens publient régulièrement des informations sur le sujet. Andri Ioussov, le porte-parole des renseignements auprès du ministère de la défense, a été cité disant que l’armée russe avait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre, et en avait encore au moins 900 au début de l’année. Selon lui, des milliers de missiles antiaériens S-300, ainsi qu’un stock conséquent de S-400, une variante plus récente avec trois fois la portée, s’ajoutent à ce chiffre. En août, le second du GUR, Vadym Skibitsky, a avancé le chiffre de 585 missiles ayant une portée supérieure à 500 kilomètres.

Les capacités de production de la Russie seraient d’environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon plusieurs experts. En octobre, le GUR estimait ce chiffre à 115 missiles.

La Russie aurait fait l’acquisition de missiles de courte portée provenant de l’Iran et de la Corée du Nord et continuerait à faire de même. D’après l’agence d’information Reuters, qui fait état de plusieurs sources iraniennes, 400 projectiles iraniens de type Fateh-110 (d’une portée de 300 à 700 kilomètres) lui auraient été livrés depuis janvier, moment où un accord aurait été établi. Le nombre exact de missiles nord-coréens que la Russie a acheté reste inconnu, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Selon les experts ayant étudié les débris et les trajectoires, il s’agirait probablement de missiles KN-23 et KN-24, d’une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des chasseurs F-16 ? En réponse à une demande de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont donné leur approbation pour le transfert de chasseurs F-16 à l’Ukraine en août 2023. Plus de 300 F-16 existent potentiellement dans neuf pays européens – en Belgique, au Danemark, en Grèce, aux Pays-Bas et au Portugal, entre autres – mais tous les États qui en possèdent ne sont pas capables de les céder instantanément.

Volodymyr Zelensky a indiqué que 42 F-16 ont été promis à Kiev par les alliés occidentaux, mais cette information n’a pas été confirmée. Le Danemark en a promis 19. Les 6 premiers doivent être livrés avant la fin de 2023, 8 autres en 2024 et 5 en 2025, d’après la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également fait la promesse, possèdent 42 unités, mais ils n’ont pas précisé combien ils envisageaient d’en céder.

Dans le cadre de la formation au pilotage des avions de combat américains qu’ils recevront, les pilotes ukrainiens sont soutenus par onze pays alliés de Kiev. Selon les estimations de l’OTAN, ces avions ne seraient fonctionnels en conditions de bataille que début 2024, tandis que d’autres experts estiment que ce serait plutôt à l’été de la même année.
En ce qui concerne l’aide militaire fournie à Kiev par ses alliés, on constate une baisse de la dynamique du soutien occidental depuis l’escalation du conflit, deux ans auparavant. En effet, le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, montre un déclin de l’aide nouvellement promis durant la période d’août 2023 à janvier 2024, en comparaison à la même période de l’année précédente. Cette situation pourrait perdurer, notamment avec les difficultés rencontrées par le Sénat américain pour voter des aides et le défi de l’UE pour approuver une aide de 50 milliards en février 2024, en raison de l’obstruction hongroise.
Le rapport de l’institut allemand illustre également une réduction et une concentration des donateurs autour d’un noyau de pays – les États-Unis, l’Allemagne, et les pays nordiques et est européens, qui assurent à la fois une assistance financière élevée et un armement de pointe. Au total, depuis février 2022, les pays en faveur de Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.

En termes absolus, les nations les plus fortunées se sont révélées être les plus charitables. En tête de liste, les États-Unis ont proclamé une assistance de plus de 75 milliards d’euros, dont 46,3 milliards sont alloués à l’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont fait part à la fois d’assistances bilatérales (64,86 milliards d’euros) et d’assistances communes issues des réserves de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), soit un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, quand on compare ces contributions au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la hiérarchie se modifie. Les États-Unis dégringolent à la 20ème place (0,32 % de leur PIB), bien après des pays voisins de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie domine le classement des aides en proportion du PIB avec 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois pays baltes, tous limitrophes de la Russie ou de son alliée, la Biélorussie, sont parmi les plus généreux donateurs depuis le début du conflit.

En ce qui concerne le classement en pourcentage du PIB, la France est à la 27ème position, ayant engagé avec 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’aide proposée par Paris diminue sans cesse depuis que l’Ukraine a été envahie par la Russie – la France était à la 24ème place en avril 2023, et 13ème durant l’été 2022.

Que sait-on des troubles frontaliers entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis quelque temps, l’Ukraine et la Pologne connaissent des tensions en raison du transit de céréales ukrainiennes. Au centre de ce différend se trouve le transit de produits agricoles, dont les céréales ukrainiennes destinées à l’Afrique et au Moyen-Orient. Au printemps 2022, la Commission européenne a mis en place des « voies de solidarité » pour faciliter ce transit, exempt de taxes douanières. Cependant, depuis le début de cette crise, près de la moitié de ces céréales transitent ou terminent leur voyage au sein de l’Union européenne, comme l’indique la Fondation Farm, un centre de réflexion sur les problèmes agricoles mondiaux. Ces céréales se vendent à un prix nettement inférieur à celui du blé produit au sein de l’UE, en particulier en Europe centrale.

Des pays tels que la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont bloqué leurs importations à partir de l’Ukraine en avril 2023, soutenant que ces céréales de faible coût déstabilisaient le marché local et, par conséquent, les revenus de leurs agriculteurs. Cet embargo a été approuvé par Bruxelles à la condition qu’il n’interfère pas avec le transit vers d’autres pays et qu’il dure seulement quatre mois. Cependant, Varsovie a décidé de ne pas lever l’embargo sur les céréales ukrainiennes à la fin de l’été, considérant que le problème sous-jacent n’a pas été résolu, malgré l’affirmation de Bruxelles que l’embargo n’était plus justifié, car ses analyses indiquaient que les marchés nationaux de céréales n’étaient plus déformés.

Les manifestants agricoles en Pologne ont érigé un blocus à la frontière polono-ukrainienne afin d’interdire le passage des camions ukrainiens sur leur sol. Leur demande est un « embargo total » sur les biens agricoles et alimentaires en provenance d’Ukraine. Ils expriment leur mécontentement face à l’augmentation soudaine de leurs frais de production tandis que leurs silos et entrepôts sont surchargés, avec des prix à leur niveau le plus bas. Au début de 2024, le chef d’État ukrainien a interprété le blocus de la frontière polonaise comme une « érosion de la solidarité » vis-à-vis de son pays, sollicitant une discussion avec la Pologne. Il a également souligné que ces tensions étaient bénéfiques uniquement à Moscou, critiquant « l’émergence de slogans ouvertement favorables à Poutine ».

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