« « Hodina ? » C’est la question traditionnelle de courtoisie en shimaoré que Chambani Boinaidi pose à l’entrée d’une demeure ornée d’une clôture de planches hâtivement peintes en bleu royal. Un jeune homme, visiblement étonné, entre en scène, torse dénudé et vêtu d’un short et de sandales, répliquant par un simple mot de salutation : « Caribou », ce qui signifie « bienvenue ». Le rôle de Chambani Boinaidi, coordinateur de santé pour l’association Horizon, est de discuter de la choléra avec ce résident de M’Tsangamouji, un village de la région rurale ouest de Mayotte, et de vérifier si ce dernier a été vacciné ou non.
Chambani a passé le mercredi 22 mai à parcourir le quartier de la Vigie, interagissant avec le plus grand nombre possible de résidents. Juste avant de commencer ces visite à domicile, une annonce a été faite via un mégaphone par l’infirmier de la brigade sanitaire qui l’accompagne, informant la population de l’installation d’un centre de vaccination à côté du stade.
Au sein de M’Tsangamouji, 320 personnes se sont présentées pour recevoir le vaccin sur la tente installée par le personnel de l’Agence Régionale de Santé (ARS) au cours des jours précédents. Après le quartier de Kirissoni, situé dans la commune de Koungou, où un enfant de trois ans est décédé le 8 mai et où 64 cas ont été recensés, M’Tsangamouji a été identifiée comme une deuxième zone d’épidémie avec des cas de contamination locale. Selon les chiffres officiels de Santé Publique France, quinze cas ont été enregistrés dans ce secteur. Par ailleurs, un troisième foyer actif a été repéré à Passamaïnty, situé dans la banlieue sud de Mamoudzou. Le nombre total de cas enregistrés est de 122.
D’après les chiffres dévoilés le 27 mai, Mayotte a enregistré 122 cas de choléra depuis le premier signalement le 18 mars. Le 26 mai, l’ARS a révélé le deuxième décès dû à la maladie, une femme de 62 ans résidant à Mamoudzou.
Dans le but de contenir la diffusion de cette infection, les autorités de santé ont mis en place des stratégies comprenant le suivi des patients et des personnes en contact avec eux, l’identification active des nouveaux cas et la mise en place de campagnes de vaccination. Il est recommandé d’appeler le SAMU (15) en cas de premiers symptômes tels que la diarrhée ou les vomissements.
À M’Tsangamouji, un personnel médical composé d’un médecin, trois infirmières et deux membres de l’association Horizon ont mis en place une table d’information pour expliquer l’importance de la vaccination, qui est gratuite et orale. Ils ont également assuré une démonstration de lavage des mains afin de rappeler qu’il est essentiel de maintenir l’hygiène pour prévenir la propagation de l’infection due à des bactéries véhiculées par les excréments, l’eau et la nourriture infectés. Des pastilles de chlore pour la purification de l’eau et du gel hydroalcoolique sont aussi distribués.
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