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28 mai 2024 19 h 06 min

« Discorde sur l’homosexualité au lycée d’Accra »

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Au début d’avril, un groupe de parents d’élèves du lycée français Jacques-Prévert d’Accra, la capitale du Ghana, a adressé un courrier collectif à la direction de l’école. Dans leur message, ils ont demandé à l’administration de l’école de reconsidérer et de réviser les matériaux partagés avec les élèves pour garantir leur conformité avec les lois locales et pour respecter les sensibilités religieuses et culturelles du pays, comme Le Monde Afrique a pu le constater.

Cela a été causé par une pièce de théâtre spécifique, intitulée « Le Journal de grosse patate », écrite par Dominique Richard et étudiée par les élèves de CM2. Cette pièce qui dénonce les discriminations à l’école est officiellement recommandée par le ministère français de l’éducation nationale. Une phrase de la pièce, où « Rémi avoue aujourd’hui être amoureux d’Hubert », a particulièrement suscité le mécontentement des auteurs de la lettre.

En conséquence, le livre a été retiré de la bibliothèque de l’école. De plus, l’école envisage d’éliminer tous les livres traitant de l’homosexualité, selon plusieurs témoignages anonymes reçus par Le Monde Afrique.

Lors d’une réunion avec certains parents d’élèves, tenue le 26 avril, la direction de l’école aurait déclaré que l’enseignante en question avait mal utilisé le livre et a même envisagé de terminer son contrat. Cependant, ni la direction de l’école, ni le syndicat des enseignantes et des enseignants n’ont répondu aux sollicitations du Monde Afrique concernant ces allégations.

Il convient de noter que les relations homosexuelles sont punies par la loi au Ghana.

Un parent d’élève anonyme a exprimé son opposition à la décision de la direction, mais précise avoir un dialogue très ouvert avec ses enfants concernant leur éducation. Sa véritable inquiétude réside dans la façon dont ses enfants pourraient être perçus par leurs camarades de classe en fonction de leurs opinions sur certains sujets.

Le programme du Lycée Français d’Accra, comme de tous les établissements français à l’étranger, doit respecter le système éducatif français. En effet, son approbation par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) y est liée. Ceci comprend l’inculcation aux élèves des valeurs de la République dans le cycle 3, qui inclut la classe de CM2. Dans ces valeurs, on retrouve la solidarité, l’égalité homme-femme et le rejet de toutes formes de discriminations.

Dans un e-mail aux parents d’élève, daté du vendredi 26 avril, la Proviseure Catherine Daeur a rappelé cette obligation. Elle a souligné que l’établissement doit se conformer au système éducatif national français tout en tenant compte de la situation locale, bien qu’elle n’ait pas détaillé comment cette dernière pourrait influencer l’approche de l’homosexualité en classe.

C’est important à noter parce que l’homosexualité est illégale dans le pays hébergeant le Lycée Français d’Accra, avec des lois contre les relations homosexuelles datant de 1961 et durcies récemment avec l’instauration de la loi des « droits sexuels humains et des valeurs familiales ».

Le texte prévoit des sanctions d’emprisonnement de trois à dix ans pour toute personne identifiée comme appartenant ou défendant les droits de la communauté LGBT+ au Ghana. La législation, qui attend la ratification du président Nana Akufo-Addo, fait face actuellement à deux défis devant la Cour suprême pour violation de la Constitution.

Ce n’est pas la toute première fois que l’enseignement des droits des personnes homosexuelles est source de problème dans les institutions françaises à l’étranger. Par exemple, au Maroc, en mai 2023, une professeure d’une école française a été l’objet d’une plainte des parents d’élèves pour « la promotion de l’homosexualité ».
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