Lors de la célébration du 20e anniversaire de la loi du 15 mars 2004 sur la laïcité, qui interdit « l’affichage ostentatoire de signes ou de vêtements indiquant une appartenance religieuse », un grand nombre d’erreurs ont été déclarées. Notamment, le premier ministre Gabriel Attal a défendu une conception erronée de la laïcité. À l’Assemblée nationale, le 6 mars, il affirme que la laïcité est indivisible, tout comme la République.
cependant, cette déclaration est inexacte. En matière d’éducation, il n’existe pas une mais quatre différentes formes de laïcité. La première, qui concerne environ 80% des élèves (d’après les données gouvernementales), est celle en vigueur dans l’éducation publique, réglementée par la loi du 15 mars. La deuxième forme s’applique à l’éducation privée sous contrat. Dans ce secteur, les écoles catholiques accueillent 97% des élèves du secondaire. Grâce à la loi Debré de 1959, cet enseignement participe au service public d’éducation et reçoit donc un financement public à hauteur de 75%.
En échange, les écoles catholiques sont tenues de respecter la liberté de conscience des élèves et d’accepter tous les élèves, quelles que soient leurs origines, leurs croyances ou leurs opinions. Hormis un cours de catéchisme facultatif, les programmes d’enseignement sont les mêmes que ceux de l’enseignement public. Cependant, la loi de mars 2004 sur la laïcité ne s’applique pas aux écoles catholiques, en raison de leurs particularités.
Un principe bafoué.
L’objectif de cet enseignement est de réaliser « la tâche qui lui a été confiée par le Christ : œuvrer à diffuser la Bonne Nouvelle du Salut » (article 8 de ses statuts). Cependant, le prosélytisme de l’éducation catholique ne justifie en aucune façon que les élèves qui y sont inscrits maintiennent le droit d’exprimer ouvertement leur foi à travers des signes religieux si les élèves de l’éducation publique n’en bénéficient pas. Si la laïcité est l’un des piliers de la République, elle devrait s’appliquer à tous, y compris à l’éducation catholique !
Une troisième version de la laïcité scolaire est incarnée par les élèves étudiant dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. En 1905, lors de l’adoption de la loi séparant l’Eglise et l’Etat, ces trois départements étaient reliés à l’Empire allemand, de sorte qu’une heure hebdomadaire d’instruction religieuse est intégrée à leur curriculum [c’est le Concordat d’Alsace-Moselle]. Le salaire des prêtres, des pasteurs et des rabbins est pris en charge par l’Etat. Cette particularité, qui va à l’encontre du principe même de la laïcité, n’a cependant jamais été modifiée. Sept des douze collectivités ultramarines sont également exemptées de l’application de la loi de 1905.
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