Lundi 27 mai, la 77ème Assemblée mondiale de la santé s’est lancée à Genève. On a noté une lacune importante: l’absence d’un accord mutuel pour mieux défendre le monde contre des pandémies futures semblables à celle du Covid-19. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de progrès: depuis deux ans et demi, l' »Instance de négociation intergouvernementale » (INB), mise en place par les 194 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a travaillé avec diligence sur un texte. Cependant, l’INB a conclu ses travaux vendredi sans résoudre toutes les désaccords.
Le directeur général de l’OMS, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, a exprimé sa confiance dans le processus, malgré le fait que l’accord n’ait pas été atteint à temps pour l’assemblée. Il a déclaré lundi lors de la séance plénière: « Naturellement, nous aurions tous aimé arriver à un accord à temps pour cette assemblée et franchir le dernier obstacle, mais je suis persuadé que nous y parviendrons, car où il y a de la volonté, il y a un moyen ». Vendredi dernier, dans un communiqué de l’OMS, les coprésidents de l’INB ont également appelé les États à continuer leurs efforts. « Le monde ne peut pas se désintéresser de la tâche actuelle », a affirmé la Sud-Africaine Precious Matsoso. De son côté, le Néerlandais Roland Driece a également souligné qu’il est manifeste qu’un accord parmi les gouvernements pour forger une nouvelle approche dans la lutte contre les pandémies était nécessaire.
Il reste à déterminer quelle stratégie détaillée pourrait efficacement préserver l’humanité des millions de décès et des graves disparités de santé observées lors de la plus récente pandémie. Des questions de financement, d’accès aux vaccins et aux traitements, d’assouplissement des lois de propriété intellectuelle sur les produits de santé, de transferts de savoir-faire et de technologie, et de transparence des accords entre les États et les producteurs ont été abordées tout au long du processus. Le but a été perturber le statu quo pour favoriser l’équité dans la gestion de pandémies, spécialement en faveur des pays à faible ou moyen revenu. Cependant, ces discussions ont été ardues et l’INB, qui visait à soumettre son rapport le 28 mars, a demandé deux sursis consécutifs, en début et fin mai, qui n’ont pas été suffisants pour aboutir.
« Une condition posée pour accéder aux informations »
Une clause en particulier a été le sujet de nombreuses tractations. Elle propose un « système d’accès aux agents pathogènes et de partage des bénéfices », qui associerait le partage d’informations sur les agents pathogènes, nécessaires à l’élaboration de vaccins et de traitements, à des garanties d’accès aux produits de santé développés grâce à ce partage de données. La Fédération internationale des producteurs et associations pharmaceutiques a réitéré ses avertissements contre un tel dispositif, craignant que toute condition imposée à l’accès à l’information sur les agents pathogènes puisse entraver la capacité de l’industrie à développer rapidement des contre-mesures. De son côté, l’Union européenne, dans une série d’amendements à l’accord proposé, a exprimé ses réserves, doutant de l’approche conceptuelle et de la faisabilité du dispositif.
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