En cette vingt-et-unième semaine de l’année, voici nos courtes critiques de onze ouvrages très attendus, incluant quatre romans, une histoire, une biographie, une satire, des carnets, un livre traitant d’anthropologie, un d’histoire et le récit impressionnant de Robert Basset, un résistant déporté.
L’ouvrage « A l’ombre du chêne de Goethe. Buchenwald 1944-1945 » est un témoignage poignant de Robert Basset. Même si les résistants sont souvent oubliés après huit décennies, la redécouverte de ces mémoires n’apporte pas forcément de nouvelles informations historiques, mais elle reste une excellente nouvelle. L’histoire émouvante de cet homme ordinaire projeté dans des circonstances extraordinaires et tragiques est ce qui la rend si bouleversante. En tant que directeur d’école à Bernay (Eure), Basset a transformé son établissement en un pivot de la Résistance. Arrêté comme otage en 1944, il a été déporté au camp de concentration de Buchenwald, où il a contribué à la lutte clandestine. Après sa libération en avril 1945, il a commencé à écrire ses souvenirs, mais il est décédé quatre ans plus tard, épuisé. Son petit-fils, Didier Basset, a récemment découvert le manuscrit dans la maison familiale et a décidé de le publier en hommage à son grand-père et à tous ceux qui, comme lui, ont sacrifié leur vie pour la liberté.
Le livre « A l’ombre du chêne de Goethe. Buchenwald 1944-1945 » de Robert Basset, édité par Didier Basset et préfacé par François-Bernard Michel, est publié chez Ginkgo, avec 288 pages, pour 19 €. Il sera disponible en librairie à partir du 29 mai.
Notons également le récit « Ce qui m’appartient » de José Henrique Bortoluci.
José Henrique Bortoluci, un professeur de sociologie basé à Sao Paulo, se questionne sur l’héritage laissé par son père, José, surnommé Didi. Didi, un homme âgé et fils d’immigrants italiens, a passé la majorité de sa vie en tant que conducteur de camions lourds au Brésil. Au moment où l’histoire commence, Didi entame une thérapie pour lutter contre un cancer de l’intestin.
En s’appuyant sur les mémoires de Didi qu’il a recueillies, Bortoluci crée des liens avec ses lectures personnelles et ses observations en tant que « sociologue de classe transfuge ». Au fur et à mesure que le livre progresse, une autre facette du Brésil est révélée – celle des travailleurs qui ont façonné les vastes routes du pays. Ils ont joué un rôle clé dans la construction de la Transamazonienne, une autoroute reliant l’Atlantique au Pacifique, mettant leurs corps à rude épreuve et causant des dégâts sur la forêt et ses habitants.
Dans le livre, tout comme dans la vie réelle, le père de Bortoluci était un aventurier. Il a survécu aux conditions difficiles de la forêt amazonienne, a consommé de la chair d’anaconda et prétend même qu’il a observé des extraterrestres. En 1972, son travail de camionneur l’a conduit près du conflit de la guérilla d’Araguaia, un événement réprimé par la dictature militaire. Le point de vue pragmatique de Didi contraste avec celui de son fils, un intellectuel de gauche. Néanmoins, c’est grâce à l’amour et l’ironie de Didi – qui prétend à chaque visite qu’il est invité à donner une conférence sur les camions à l’université de son fils – que Bortoluci réussit à unifier ces deux mondes dans un récit à la fois tendre et intelligent. Gl. M.
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