Après six mois passés à conduire des auditions et des visites, la commission parlementaire d’enquête sur le modèle économique des garderies et la qualité de l’accueil des petits enfants au sein de ces établissements prévoit de se réunir le lundi 27 mai pour voter sur le texte rédigé par Sarah Tanzilli (Renaissance, Rhône), la rapporteure de la commission. Le Monde a eu la possibilité de consulter ce document de 276 pages qui scrute les dépassements du secteur suite à l’empoisonnement fatal d’un bébé de 11 mois dans une garderie privée à Lyon en 2022.
Cependant, un « contre-rapport » de 28 pages, produit par les députés La France Insoumise (LFI) qui font partie de la commission d’enquête, a été également publié ce jour-là. Pour ces parlementaires à l’origine de la demande de création de la commission d’enquête, c’est une façon de recentrer le débat et les propositions sur « les excès du business lucratif des crèches privées » et comment les autorités publiques ont permis « cette commercialisation forcée » du secteur de la petite enfance. Alors que commence l’établissement d’un service public pour la petite enfance, ces deux travaux proposent des visions différentes de cette politique publique en cours de construction.
Le rapport rédigé par Mme Tanzilli met principalement en lumière l’épuisement des professionnels, la baisse de qualité de l’accueil, la logique primaire quantitative de création de places, et la financiarisation du secteur, ce qui reprend en grande partie ce qui a déjà été révélé par des recherches récentes (y compris deux enquêtes-livres publiées en 2023 et des rapports de l’Inspection Générale des Affaires Sociales).
Le texte met l’accent sur plusieurs recommandations, dont certaines ont déjà été mentionnées précédemment, comme l’idée d’intensifier la formation initiale et continue. Il est également suggéré de collaborer avec les régions afin de créer des places de formation additionnelles. En ce qui concerne les salaires, un élément crucial pour rendre ces professions attrayantes, Sarah Tanzilli, l’auteur du rapport, admet qu’il serait probablement nécessaire de faire plus que les récentes augmentations de 100 à 150 euros nets par mois accordées à certains professionnels. Cependant, ceci n’est pas un aspect majeur du rapport.
Il est mentionné que ce qui est davantage en jeu, c’est l’organisation du secteur et les subventions publiques qui le soutiennent (le budget public consacré à l’accueil des enfants de moins de trois ans atteint plus de 16 milliards d’euros par an). Sarah Tanzilli oriente la majorité de ses propositions vers ces aspects, persuadée que « le système de financement a engendré un cercle vicieux, rendant possibles les échecs en termes d’accueil ». Selon elle, il est temps de « restructurer un système à bout de souffle », déclare la députée.
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