Chaque sondage le confirme : l’Afrique du Sud se prépare à participer à une élection cruciale ce mercredi 29 mai. Le Congrès national africain (ANC), en charge depuis 1994, fait face à une contestation croissante et pourrait perdre sa majorité à l’Assemblée nationale pour la première fois depuis la fin de l’apartheid. Est-ce l’opportunité pour son principal rival de prendre le pouvoir? Ce n’est pas une certitude. En effet, l’allié principal DA est reconnu pour sa gestion locale exemplaire qui rassure les électeurs désespérés par l’effondrement des services publics et le taux de chômage élevé. Pourtant, il a du mal à convaincre la majorité de l’électorat de la communauté noire, qui constitue 81% de la population.
« Dans un monde parfait, cette situation ne devrait pas exister, mais en Afrique du Sud, les enjeux raciaux sont toujours présents. C’est une partie intégrante de notre bataille. Que ce soit une perception erronée ou une réalité, certaines personnes de la communauté noire voient toujours l’Alliance Démocratique comme un parti composé principalement de Blancs. Ainsi, présenter un candidat blanc à l’élection est un frein », explique l’écrivain sud-africain Sihle Khumalo, auteur de Milk the Beloved Country, un livre explorant le passé et le présent de l’Afrique du Sud (éd. Umuzi, 2023, non traduit).
« Nous luttons contre cette image, d’autant plus qu’elle est propagée par l’ANC et que les médias la reprennent sans aucun esprit critique », se plaint le leader de l’Alliance Démocratique (DA), John Steenhuisen, en réponse à une question de Le Monde. Au contraire, il insiste sur le fait que le DA est « de loin le parti le plus diversifié du pays » et il est irrité que seul son parti est examiné sur la base de sa diversité raciale quand « les partis sur notre gauche ou notre droit sont tous monoculturels. »
La quête pour rétablir l’égalité des chances continue.
Le Parti Démocratique Allié (DA) a pour origine l’opposition blanche à l’apartheid et il est parfois confondu, à tort, comme un successeur du Parti National, créateur de l’apartheid. Sa réputation a été ternie par des controverses, par exemple en 2015 quand un de ses membres du parlement a fait circuler un message sur Facebook demandant le retour de P.W. Botha, président du règne raciste de 1984 à 1989. De plus, plusieurs leaders noirs du parti ont démissionné au cours des dernières années. La plupart d’entre eux ont protesté contre le manque d’inclusion et la décision d’abandonner les politiques de discrimination positive pour combattre les inégalités issues de l’apartheid, sujet très délicat en Afrique du Sud.
Selon M. Steenhuisen, « en politique, les gens vont et viennent ». Admettant que « les inégalités sont un énorme problème en Afrique du Sud », il prône l’attaque contre l’échec du système éducatif et du système de santé pour promouvoir « l’égalité des chances ». « Si nous recevions uniquement les voix des électeurs blancs du pays, nous serions à 7 %, mais ce n’est pas le cas. Nous sommes un parti qui obtient 20 % des voix, le deuxième plus important du pays, précisément parce que nous attirons des votes de divers horizons », insiste-t-il.
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