Selon une charte adoptée lors des assises nationales à Ouagadougou, le samedi 25 mai, le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le contrôle du Burkina Faso suite à un coup d’État en septembre 2022, continuera de régner pendant cinq autres années. Le colonel Moussa Diallo, président du comité organisateur de ces assises, a déclaré que la transition se prolongera jusqu’au 2 juillet 2024. Traoré pourra se présenter pour la présidence, les législatives et les municipales qui seront organisées pour mettre fin à la phase de transition.
Les assises nationales, qui devaient se terminer initialement le dimanche, ont regroupé divers représentants de la société civile, des forces de défense et de sécurité ainsi que des membres de l’assemblée de transition. Cependant, la majorité des partis politiques traditionnels ont refusé de participer à l’évènement.
La charte, signée le samedi par le capitaine Traoré, a aboli les « quotas » pour les partis politiques au sein de l’assemblée législative de transition et désormais, le « patriotisme » est la seule condition requise pour être membre de cette assemblée ou du gouvernement.
Le Burkina Faso, frappé par une violence jihadiste constante qui a causé des milliers de morts depuis une décennie, a subi deux coups d’État militaires en 2022. Le premier en janvier a porté le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba au pouvoir, qui a été renversé en septembre de la même année par le capitaine Traoré.
Lors des premières assises nationales, une charte initiale a été mise en œuvre, établissant un président, un gouvernement et une assemblée législative de transition (ALT). La période de transition a été fixée à 21 mois, ce qui signifie que le processus devrait se terminer le premier juillet 2024. Cependant, l’organisation des élections a été remise en question à plusieurs reprises par le capitaine Traoré en raison de l’insécurité.
De plus, le régime actuel de Ouagadougou prétend fréquemment remporter des victoires militaires contre les groupes jihadistes qui déstabilisent beaucoup de son territoire. Néanmoins, les attaques meurtrières persistent et des organisations comme Human Rights Watch ont rapporté des violations commises par l’armée envers les civils, allégations que Ouagadougou nie.
En outre, il existe des accusations provenant d’organisations de la société civile selon lesquelles les autorités tentent de museler leurs opposants. Les arrestations, enlèvements ou déploiements au front de diverses personnalités ont été signalés ces derniers mois.
Enfin, le Burkina Faso, depuis le coup d’état de septembre 2022, a décidé de diversifier ses alliances internationales. Le pays a renoncé à son ancienne puissance coloniale, la France, en demandant le retrait de ses soldats stationnés sur son territoire début 2023 et en expulsant des diplomates. De plus, de nombreux médias français ont été suspendus. Aucun d’entre eux n’avait reçu l’accréditation pour assister aux débats du samedi.
Par ailleurs, Ouagadougou se rapproche maintenant de la Russie, ainsi que de l’Iran et de la Turquie. Ils se tournent également vers leurs deux voisins, le Niger et le Mali, qui sont gouvernés par des militaires suite aux coups d’Etat, et qui sont également aux prises avec la violence des groupes jihadistes.
Depuis près d’une décennie, le Burkina est le théâtre d’attaques mortelles, menées par des groupes armés liés à Al-Qaïda et l’État islamique. Ces attaques ont causé la mort de plus de 20 000 personnes et provoqué le déplacement de deux millions d’individus.
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