La fin de la semaine s’achève sous un ciel triste sur l’île de Nantes. En bordure de la Loire, une couverture céleste basse et chargée d’humidité menace d’engloutir le Nantilus, un bateau flottant fait de verre et d’acier. Une fois à l’intérieur, après avoir traversé la passerelle glissante, on est bien abrité des nuages qui déversent leurs larmes. La soirée « Groovy Coquetterie », conçue comme antispleen de ce dimanche soir, se prépare tranquillement au bar lounge Quai West. Entre les stands de bien-être, de massages et de bijoux dentaires, on trouve Manon Perez, trentenaire, qui monte son propre bar à paillettes : une mallette en cuir transformée en coffre d’alchimiste, renfermant plusieurs rangées de fioles étincelantes contenant des paillettes de toutes les couleurs. Une jeune femme s’extasie : « J’adore ce que tu fais », lui lance-t-elle. Elle souhaite inviter Manon et son bar de paillettes à sa future soirée « Roller Disco ». Les deux femmes échangent leurs informations de contact : carte de visite, page Instagram, numéro de téléphone. « J’en profite », confie Manon avec un large sourire contagieux. « C’est encore calme. » Il arrive que lorsqu’elle dégaine ses pinceaux de maquillage, il faille attendre une heure et demie avant d’être embellie par ses soins.
Elles scintillent avec des réflexions iridescentes, nacrées ou brillantes, de la taille d’un grain de sable ou d’une écaille de poisson. Ces paillettes peuvent être appliquées sur les joues, les yeux ou même sur tout le visage. Suite à la fin de la pandémie de Covid-19, ces étincelles sont devenues populaires dans le monde des festivités et bien au-delà. En 2019, la carrière de l’humoriste Inès Reg a pris son envol après avoir publié une vidéo dans laquelle elle interpelle son mari avec la question : « Quand est-ce que tu vas rajouter des paillettes à ma vie, Kevin ? ». Même si elle est maintenant séparée de Kevin, Inès a pu percevoir l’effet magique des paillettes qui ont multiplié son nombre d’abonnés.
Originellement populaires parmi les militants, les marches de la fierté, et les mouvements de libération sexuelle et de genre, ces ornements ont gagné l’attention des enfants et finalement rajouté de la brillance à toute sorte d’événements, des réunions d’entreprise aux fêtes de quartier ou de village.
« Depuis la création de ma société l’an dernier, j’ai été sollicitée pour participer à des événements comme la foire du Dougilard, près de Châteaubriant (Loire-Atlantique), ou même à des fêtes de quartier. Les paillettes sont omniprésentes », partage Manon. Elle ajoute que son public n’est pas nécessairement ce à quoi on s’attend, mentionnant une attrait particulier pour les personnes dans la trentaine et la quarantaine.
C’est une tendance surprenante, surtout vu qu’une grande quantité de paillettes a été interdite par l’Union européenne en octobre dernier à cause des microplastiques qu’elles contiennent. Cependant, plusieurs marques ont commencé à proposer des versions « écologiques » ou « biodégradables », même si l’innocuité de tels produits reste à prouver.
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