Le philosophe Gérard Mairet explore dans son ouvrage « Qu’est-ce que la souveraineté? » (Folio essais, 352 pages, 9,40 euros) la manière dont ce concept qui a jadis aidé à forger l’Europe devient maintenant un frein à l’approfondissement de l’Union européenne.
Dans son précédent travail, « La Fable du monde. Enquête philosophique sur la liberté de notre temps » (Gallimard, 2005), il avait abordé le sujet de « la fin de la souveraineté », mais contrairement à sa prédiction, le terme « souveraineté » n’a cessé de gagner en visibilité dans le débat public.
Il est indéniable que le concept de « souveraineté européenne » a été mis en avant par Emmanuel Macron lors de son discours à la Sorbonne en 2017. De nos jours, on entend souvent, même parmi les membres du gouvernement, parler de souveraineté nationale en termes d’alimentation, de numérique ou d’industrie. Cela pourrait simplement être le résultat d’une exagération sémantique. Dans certains cas, on pourrait y voir une concession rhétorique à un discours souverainiste qui plaide pour le « retour de la souveraineté ». Selon ce discours, il serait question de récupérer une souveraineté qui aurait été abandonnée à cause de l’Europe.
Rien n’a été sacrifié pour construire l’Europe : la souveraineté n’a pas été renoncée, mais plutôt décidée de manière autonome et volontaire, de déléguer son exercice dans des domaines spécifiquement délimités, à une entité externe. Par conséquent, avec le Brexit, le Royaume-Uni a regagné l’intégralité de l’exercice de sa souveraineté qu’il avait décidé de déléguer, ce qui a été une politique malheureuse. L’Europe n’est pas le résultat d’une usurpation de la souveraineté des États, car rien n’a été aliéné. C’est pourquoi l’affirmation de la « souveraineté de l’Europe » est une grande confusion philosophique. Les Etats souverains ne peuvent être membres d’une entité souveraine elle-même.
Comment peut-on comprendre la souveraineté ?
La souveraineté, telle qu’elle s’est formée en théorie et en pratique dans l’Europe moderne, est l’élément conceptuel qui a conduit à la division territoriale de l’Europe et à la division consécutive des peuples enfermés à l’intérieur de frontières définies à travers la guerre. La territorialité se défend elle-même. La division du territoire a contribué à la création des nations. Ainsi, la souveraineté donne lieu à un particularisme : la notion de justice varie d’un pays à l’autre. Le rôle de l’Etat historique est de protéger et de maintenir ses frontières pour sauvegarder l’éthos de la nation : le caractère territorial est très protectif. Cette liberté peut être plus ou moins réussite et peut être critiquée, mais le principe général est de constituer des libertés spécifiques pour les peuples.
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