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25 mai 2024 7 h 12 min

« Résumé: Guerre en Ukraine, Soirée »

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Le divertissement de ce direct a inclu : Charlotte Herzog, Dorian Jullien, Agnès Gautheron, Romain Del Bello, Gabriel Coutagne, Fatoumata Sillah, Solène L’Hénoret et Charles Deleare, de même qu’Audrey Delaporte (photos).
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Comment Moscou et Kiev utilisent-ils des drones ?
Depuis quelques mois, la bataille des drones entre la Russie et l’Ukraine a pris une dimension inédite. Selon un document, publié en mai 2023 par un think tank britannique spécialiste des questions de défense, les Ukrainiens perdaient à peu près 10 000 drones par mois sur le théâtre des opérations, soit plus de 300 par jour. Pour comparaison, l’armée française a un peu plus de 3 000 drones dans ses réserves.

Les Russes et les Ukrainiens font grand usage de petits drones civils, connus sous le nom d’UAV en anglais, qui sont à la fois économiques et largement disponibles. Ils sont principalement utilisés pour surveiller le théâtre de la guerre et orienter les forces sur le terrain ou les tirs d’artillerie. Ils sont aussi parfois modifiés pour transporter des charges explosives légères qui sont larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

On retrouve également des drones kamikazes, même s’ils sont moins courants. Equipés d’explosifs, ces UAV sont déployés au-dessus du front sans cible pré-définie. Moscou utilise ses propres Lancet-3 ainsi que des Shahed-136 fabriqués en Iran. En l’absence d’une véritable flotte militaire, l’Ukraine provoque son adversaire avec des véhicules maritimes téléguidés, de petits kayaks remplis d’explosifs (jusqu’à 450 kilos de TNT).

Les deux parties ont bien compris l’importance des drones dans leurs opérations et ont mis en place des mesures pour approvisionner leurs forces de manière durable. Ils achètent des drones civils en large quantité sur le marché, mais développent également leurs propres capacités de production. Alors qu’elle en était à ses balbutiements il y a dix ans au début de la guerre du Donbass, l’industrie du drone ukrainienne a depuis fortement progressé. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a révélé qu’ils avaient réussi à reproduire le drone russe Lancet et qu’il serait bientôt lancé sous le nom de Peroun, en l’honneur du dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Malgré les sanctions de l’occident qui limitent son accès aux composants électroniques, la Russie aurait débuté la construction d’une usine pour produire des drones-kamikazes de design iranien, comme les Shahed-136, dans la zone économique spéciale d’Alabouga, selon les agences de renseignement américaines.

Quant au stock de missiles russes, c’est un sujet dont il est très compliqué, voire impossible, de connaître le détail précis. Bien que les services de renseignement ukrainiens rapportent régulièrement des informations à ce sujet, leurs estimations suscitent des doutes.

D’après les propos d’Andri Ioussov, porte-parole de la direction générale du renseignement du ministère de la défense (GUR), cité par Liga.net, l’armée russe aurait eu à sa disposition plus de 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et en conservait plus de 900 en début d’année. À ce chiffre, on pourrait additionner des dizaines de milliers de missiles S-300 antiaériens, avec une portée approximative de 120 kilomètres, ainsi qu’un nombre conséquent de missiles S-400, une version plus récente dont la portée a été triplée. En août, Vadym Skibitsky, le numéro deux du GUR, avait déclaré qu’ils disposaient de 585 missiles d’une portée supérieure à 500 kilomètres.

Concernant la capacité de production, elle aurait augmenté pour atteindre les environs d’une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon plusieurs experts. En octobre, le GUR avait estimé cette production à 115 unités.

Dans une nouvelle avancée, la Russie aurait acquis des missiles de courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait encore à faire des acquisitions. L’agence Reuters, citant des sources iraniennes, estime que la Russie a reçu 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) depuis janvier, période pendant laquelle un accord aurait été signé. Cependant, le nombre exact de missiles nord-coréens que la Russie a acquis reste incertain. Néanmoins, selon le procureur général, Andriy Kostin, 24 missiles ont été tirés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024. L’analyse des débris et des trajectoires par les experts suggère qu’il s’agirait probablement de KN-23 et KN-24, avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Quant aux avions de combat F-16, les États-Unis ont accepté, en août 2023, de transférer ces avions à l’Ukraine suite à une demande de longue date du président ukrainien. Il existe une flotte potentielle de plus de 300 F-16 dans neuf pays d’Europe, notamment en Belgique, au Danemark, en Grèce, aux Pays-Bas et au Portugal. Cependant, tous les pays qui possèdent ces avions ne sont pas en mesure de les transférer immédiatement.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a mentionné un chiffre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, bien que cette information n’ait pas été confirmée. Le Danemark a promis 19 avions, dont les six premiers ne devraient pas être livrés avant fin 2023, et 8 autres en 2024, suivis de 5 en 2025, a indiqué la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également fait une promesse, disposent de 42 unités, mais n’ont pas spécifié combien ils envisagent de transférer.

Les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation adéquate sur les avions de combat américains. Il est prévu que onze alliés ukrainiens interviendront pour la formation des pilotes. Toutefois, selon l’OTAN, les troupes ukrainiennes ne seront capables d’utiliser ces avions pour des opérations militaires qu’au premier trimestre de 2024, tandis que d’autres experts envisagent l’été de cette même année.

Quelle est l’aide militaire que ses alliés offrent à Kiev ?

Deux années après l’escalade du conflit, l’appui occidental à Kiev se trouve en déclin. En comparaison avec l’année précédente, l’aide nouvellement accordée a diminué entre août 2023 et janvier 2024, d’après le plus récent rapport de l’Institut Kiel datant de février 2024. Cette déclin peut continuer, avec le Sénat américain ayant du mal à approuver des aides, et l’Union européenne (UE) rencontrant des difficultés pour faire adopter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, en raison de l’opposition de la Hongrie. Il est important de noter que ces deux paquets d’aides n’ont pas encore été inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.

L’Institut allemand indique que le nombre de contributeurs est en diminution, avec un recentrage autour d’un groupe principal de pays : les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces pays offrent en même temps une aide financière importante et un armement avancé. Au total, depuis février 2022, les pays en soutien à Kiev se sont engagés à apporter au moins 276 milliards d’euros d’aide militaire, financière et humanitaire.

De manière générale, les nations les plus prospères se distinguent par leur générosité. Les États-Unis sont à l’avant-garde, annonçant plus de 75 milliards d’euros d’aide, dont 46,3 milliards sont destinés à l’assistance militaire. L’Union européenne a déclaré des aides bilatérales s’élevant à 64,86 milliards d’euros et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne totalisant 93,25 milliards d’euros, pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, lorsqu’on compare ces contributions au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement s’ajuste. Les États-Unis tombent au vingtième rang (0,32 % de leur PIB), bien derrière des pays proches de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie est en tête des donateurs en fonction du PIB avec 3,55 %, suivi par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). Le top 5 est complété par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois pays baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, se démarquent comme les plus généreux depuis le début du conflit.

En termes de pourcentage du PIB, la France est vingt-septième, ayant engagé 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’assistance fournie par la France a diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France était vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.

Quelles sont les connaissances sur les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les tensions sont fortes entre la Pologne et l’Ukraine depuis plusieurs mois, principalement due au transit des céréales venant d’Ukraine. En 2022, des « voies de solidarité » ont été mises en place par la Commission européenne pour encourager l’exportation de produits agricoles ukrainiens, exemptés de taxes douanières, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Environ 50 % du grain ukrainien transitait ou terminait son itinéraire dans l’Union européenne, en fonction de la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les problèmes agricoles mondiaux. Le coût de ces céréales est significativement plus bas que le blé cultivé dans l’UE, particulièrement dans les pays d’Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont bloqué unilatéralement leurs importations en avril 2023, soutenant que les céréales, en déséquilibrant le marché local, nuisaient aux revenus de leurs fermiers. Bruxelles a donné son feu vert pour cet embargo, avec deux conditions : il ne devrait pas entraver le transit vers d’autres pays et ne devrait durer que quatre mois. Cependant, Varsovie a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, arguant que le problème initial n’a pas été résolu, tandis que Bruxelles voyait l’embargo comme non nécessaire puisque ses analyses indiquaient « qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales ».

Les cultivateurs en Pologne empêchent les véhicules ukrainiens de traverser la frontière vers la Pologne depuis l’Ukraine en exigeant un « embargo total » sur les marchandises agricoles et les aliments de l’Ukraine. Ils s’élèvent contre la montée de leurs dépenses de production alors que les installations de stockage et les silos sont pleins à craquer et les tarifs chutent à des niveaux sans précédent. Le chef de l’état Ukrainien a évalué au début de 2024 que le blocus de la frontière polonaise illustrait « l’effritement de la solidarité » envers son pays et a demandé des négociations avec la Pologne. « Seule Moscou profite » de ces conflits, a-t-il ajouté, critiquant « l’émergence de phrases ouvertement pro-Poutine ».