Le procès relatif au double meurtre perpétré à l’aéroport de Bastia-Poretta, en Corse, le 5 décembre 2017, continue malgré l’absence des neuf accusés principaux et leurs avocats. Ce déroulement inhabituel a lieu au cour d’assises des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence, où les témoins déposent leurs témoignages, présidés par le président et jugés par les magistrats assesseurs. Pendant ce temps, deux avocats généraux se succèdent pour poser des questions et certains membres du jury prennent des notes. La rapide progression du procès est attribuée à l’absence de défense pour interroger. Cependant, quelle est la signification de ce procès sans défense ?
Les événements chaotiques récents n’ont produit que des perdants, mettant en doute la réputation du président Jean-Yves Martorano. Les accusés, qui ont refusé de quitter les cellules d’accusés pour comparaître devant le tribunal, remettent en question leurs décisions. Vendredi 24 mai, Jacques Mariani, l’accusé le plus « expérimenté » parmi les neuf, a exprimé son souhait de récupérer ses avocats. Quant aux avocats de la défense qui sont rentrés dans leurs bureaux, leurs emplois du temps sont devenus vides depuis leur départ d’un procès qui était censé les occuper pendant neuf semaines. Tout ceci n’augure rien de bon pour l’affaire en cours.
Le sentiment d’excitation initiale et de ferveur du combat partagé a rapidement été remplacé par la déception et le ressentiment suite à un procès qu’ils jugent gâché. Dans un communiqué rédigé jeudi, ils ont partagé leur colère et leur indignation, le qualifiant de « parodie de procès indigne d’un État de droit ». Cependant, ils n’ont reçu qu’un faible soutien de leurs collègues nationaux. Cela a été anticipé par un autre communiqué, rédigé par Franck Rastoul, le procureur général au tribunal d’appel d’Aix-en-Provence, spécifiant que le système judiciaire ne peut tolérer qu’un accusé paralyse une affaire criminelle en récusant son avocat et en refusant de comparaître après sept ans de procédures.
Une Méfiance Mutuelle
La rhétorique utilisée par le procureur général a explicitement tenté de peindre le conflit entre les avocats des accusés du procès de Bastia-Poretta et la cour comme une tentative de saboter le procès. Leur discours alimente la tension croissante qui règne entre les juridictions et les magistrats du siège et du parquet, ces derniers reprochant aux avocats pénalistes leurs tactiques épuisantes de bataille procédurale. Cette atmosphère controversée a été mise à nu dès les premières journées du procès, dévoilant une méfiance commune entre les avocats des accusés de Bastia-Poretta et les deux juristes désignées pour présider la cour, qui ont précédemment été aux commandes de la septième chambre du tribunal correctionnel de Marseille, responsable des dossiers liés à la criminalité organisée.
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