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25 mai 2024 23 h 11 min

« Migrants Subsahariens en Tunisie: Laissez-nous Partir! »

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Musa*, un habitant de Freetown, la capitale de Sierra Leone, vit maintenant dans une tente de fortune construite avec des branches et des tuyaux et couverte d’une bâche en plastique. Il s’est installé à Henchir Ben Farhat, une propriété agricole privée située à El-Amra, il y a plus de huit mois, en septembre 2023. Il se retrouve dans la même situation que des centaines d’autres migrants et demandeurs d’asile qui viennent de divers pays d’Afrique subsaharienne. Ces personnes se retrouvent bloquées dans cette petite ville du centre-est de la Tunisie, qui est devenu un des principaux points de départ pour l’île italienne de Lampedusa.

À 36 ans, Musa* a dû trouver des moyens de subsister. Il a créé un petit kiosque devant sa tente où il vend des fruits, des légumes, des pâtes et des produits d’hygiène. Pour ravitailler son kiosque, il doit parcourir plusieurs kilomètres à pied jusqu’au marché d’El-Amra. Cependant, c’est une tâche risquée. Il explique : « En ville, on risque d’être arrêtés par la police, c’est plus dangereux qu’ici ».

Depuis les propos du président Kaïs Saïed en février 2023, qui prétendait que l’afflux de migrants subsahariens faisait partie d’un « plan criminel visant à modifier la composition démographique » du pays, l’attitude des autorités s’est durcie. À El-Amra, la garde nationale, renforcée par des troupes venues de Tunis, est en constante alerte. De nombreux migrants sont régulièrement expulsés des champs d’oliviers où ils se réfugient, arrêtés ou conduits à la frontière.

A la fin du mois d’avril, la garde nationale a démoli le campement de Henchir Ben Farhat lors d’une mission de sécurité. Musa, ayant perdu toutes ses marchandises, a tenté de nouveau de traverser vers l’Europe, en vain. Son bateau en métal ayant une fois de plus pris l’eau. Il a pu reconstruire son commerce depuis, en espérant une autre opportunité pour quitter le pays.

La brutalité de la police dans le camp a laissé des marques visibles sur les hommes. Amos, un libérien de 34 ans, exhibe des brûlures sur son bras et son épaule. Les blessures ont été causées, selon ses dires, par les bombes lacrymogènes utilisées par la police pour détruire le campement. Il n’arrive pas lui non plus à quitter le pays. Il se demande, « Pourquoi ils ne veulent pas de nous, mais en même temps, ils nous empêchent de partir ? Cherchent-ils à nous voir souffrir et mourir ici ? ».

Au mois de mai, la garde côtière tunisienne a annoncé qu’elle avait intercepté ou secouru 28 147 individus depuis le début de l’année, et approximativement 79 635 en 2023. Puisque la Tunisie est principalement un pays de transit. Selon le ministre de l’intérieur, devant le Parlement, environ 23 000 migrants subsahariens en situation irrégulière seraient présents en Tunisie.

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