En avril, seulement 17% des ventes de voitures en France étaient des véhicules totalement électriques, comparativement à 23% en décembre 2023. Cette baisse a également été notée dans d’autres pays européens, dont l’Allemagne. Est-ce à dire que l’enthousiasme pour les voitures électriques serait en train de fléchir ? Il serait prématuré de tirer une telle conclusion.
Les fluctuations des volumes de ventes sont souvent influencées par les subventions gouvernementales. Quand celles-ci sont retirées, comme cela a été le cas en Allemagne récemment, ou lorsque les conditions pour obtenir un bonus sont modifiées, comme en France, les ventes connaissent des secousses. Cependant, cela n’affecte pas les tendances à long terme. Les normes européennes, les politiques nationales et les stratégies des fabricants convergent toutes vers la transition vers l’électricité. La question qui se pose est de savoir à quelle vitesse cette transition se fera.
L’expérience de la Norvège est très instructive. Dans ce pays précurseur, les voitures entièrement électriques ne représentaient que 3% du marché en 2012, mais ont atteint 82% en 2023, et même 92% en janvier. Il est intéressant de noter que bien que les subventions à l’achat soient moins importantes en France, la tendance y suit exactement celle de la Norvège, avec un décalage de sept ans : en 2023, la part des véhicules électriques était de 16,8% en France contre 15,7% en Norvège en 2016. Si cette tendance continue, la part des voitures électriques pourrait dépasser 20% en 2024 en France, et atteindre 30% en 2025. C’est plausible compte tenu de l’arrivée de nouveaux modèles, de l’amélioration de l’autonomie des batteries, de la baisse des prix et de la densification du réseau de stations de recharge.
Il n’est pas étonnant de noter qu’en 2023, la voiture électrique la plus vendue en Europe est la Tesla Model Y. Son coût, bien qu’élevé – plus de 40 000 euros, et jusqu’à 60 000 euros pour les versions les plus luxueuses, ne doit pas nous amener à penser que l’électrification est seulement destinée aux voitures de luxe. En effet, cette notion était véridique jusqu’à un passé récent, mais ne l’est plus maintenant. Preuve de cela, notre système de leasing social à 100 euros mensuels mis en place par le gouvernement en début d’année a rencontré un grand succès. Pensé pour subventionner l’achat de 25 000 voitures annuellement, le dispositif a enregistré plus de 50 000 commandes en un mois, nécessitant d’être suspendu à cause du coût élevé des subventions – plus de 10 000 euros par voiture.
Le parc automobile s’électrifie de manière continue, même si le rythme est plus lent qu’en Norvège. À ce sujet, le secrétariat général de la planification écologique est circonspect. Selon son baromètre en ligne, les ventes de voitures électriques représenteraient seulement 66 % du marché en 2030, avec un parc roulant constitué d’environ 5,4 millions de voitures à batterie, soit moins de 15 % du total. L’impact sur les émissions de CO2 provenant des véhicules sera donc graduel, comme nous l’apprend également le cas de la Norvège. Malgré une part de marché des voitures électriques dépassant les 90 %, près de 80 % de leurs véhicules roulants sont encore à moteur thermique.
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