Il est crucial de répondre aux discussions concernant la fin de vie, maintenant que le projet de loi commence son voyage législatif. Le souhait de l’individu impliqué semble être négligé dans de nombreux commentaires rapportés par les médias. Un grand nombre de fervents orateurs philosophent, moralisent, font appel à notre conscience et cherchent à nous rediriger « sur la bonne voie » – la leur. Mais quand la volonté du patient est-elle considérée?
Il semblerait que le personnel médical soit le seul à prendre une décision. N’a-t-il donc traversé l’esprit de personne, parmi les débateurs de ce projet de loi, que notre mort est à nous – « à chacun sa mort », tout comme on peut dire « à chacun sa vie » – et non aux soignants, ni aux religieux, ni à l’État, ni à la société, ni à ceux qui combattent actuellement pour défendre leur propre point de vue? Quel droit aurait un médecin (selon le projet de loi, la décision finale d’aider à mourir serait à la discrétion d’un seul médecin) de décider de ce qui nous appartient?
Mieux encore : François Arnault, Président du Conseil national de l’ordre des médecins, déclare qu’un « médecin seul ne sera pas capable de gérer la demande d’un patient de mourir » et plaide pour une décision collégiale (Journal du Dimanche du 27 avril). Quel pouvoir surdimensionné les médecins se sont-ils attribués? C’est probablement ce qu’on appelait l’ « omnipotence médicale ».
Le « septième âge » de Shakespeare.
La présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, Claire Fourcade, offre également son perspective sur la question. Evitons de mentionner les autorités religieuses qui sont fermement contre ce que la majorité des personnes en France demandent et ce qui est accepté dans de nombreux autres pays. Ont-ils jamais envisagé que la décision finale devrait être celle de l’individu concerné et non la leur?
Il y a ceux qui s’opposent à ce progrès (je choisis ce mot intentionnellement) et qui font valoir l’argument d’une « mort naturelle ». Mais qu’entend-on par « mort naturelle » lorsque l’espérance de vie a nettement augmenté, en particulier parmi les plus âgés (elle n’est donc plus ce qu’elle était il y a vingt ans), et que la médecine, qui nous remet en état pièce par pièce, prolonge notre vie jusqu’à ce que nous ne soyons plus que des débris?
C’est le « septième âge » de Shakespeare, dans sa pièce « Comme il vous plaira » (on pourrait même dire le « huitième », compte tenu des progrès réalisés depuis son époque). « La dernière scène, qui met fin à cette étrange et tumultueuse histoire, est l’enfance revisitée et l’oubli total, sans dents, sans yeux, sans goût, sans rien ».
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