Dans son domicile à Porspoder, en Finistère, Christophe Le Visage observe l’Océan Atlantique se déverser sur la plage rocheuse de Melon. « C’est un spectacle à voir, mais je vous suggère d’éviter de nager », déclare-il. Il recommande aussi d’éviter complètement la plage du bourg située un peu plus loin. Malgré cela, les autorités locales évaluent la qualité des eaux comme « bonnes » et « satisfaisantes ». Le Visage, vice-président de l’association environnementale, Eau et rivières de Bretagne, qui a été active pendant plus de cinquante ans, utilise son ordinateur pour analyser des cartes et des feuilles de calcul élaborées par l’association. Selon leurs études, dont les résultats seront rendus publics le 25 mai, 86 des 566 plages en Bretagne sont déconseillées et 21 sont à éviter.
L’association a également examiné d’autres zones de baignade côtières en France métropolitaine. Sur 1853 zonesanalyseés, 315 sont marqués en orange et 92 en rouge, principalement en Bretagne du Nord, dans le département du Nord et dans le département des Alpes-Maritimes.
Conformément à Christophe Le Visage, seulement 80 % des plages de la Bretagne sont relativement peu polluées. Néanmoins, l’Agence Régionale de Santé (ARS) avait déclaré en 2022 que 98,3 % des zones de baignade régionales étaient conformes aux critères actuels. Ces critères découlaient de la directive européenne de 2006 relative à la qualité de l’eau, exigeant que chaque État effectue au moins cinq tests aléatoires dans chaque zone de baignade pendant l’été pour déceler la présence de bactéries telle que Escherichia coli (E.coli) et les entérocoques intestinaux. Après compilation des résultats sur les trois dernières années, les plages sont classées en fonction de leur qualité d’eau : excellente, bonne, suffisante ou insuffisante.
Eau et Rivières de Bretagne a analysé depuis des mois les données délivrées par les ARS françaises à l’Agence Européenne pour l’Environnement. L’association admet que 70 % des 55 000 prélèvements réalisés en Bretagne témoignent d’une eau non polluée, bien que l’évaluation soit très différente pour le reste des données. De plus, au cours de ses enquêtes, Christophe Le Visage estime avoir mis à jour des manipulations de données par l’ARS Bretagne. En juin 2023, Eau et rivières de Bretagne ont porté l’affaire devant le tribunal administratif, alléguant que des centaines d’échantillons avaient été écartés ou parfois même substitués par l’institution. L’ARS a été ordonné par la cour de revoir ses méthodes. Interrogée par Le Monde, l’institution n’a répondu que par mail, confirmant qu’elle avait « rectifié 269 données de contrôle, soit 0,5% de l’ensemble de données disponibles ».
La portion restante de cet article, qui est de 61.27%, est exclusivement destinée à ceux qui sont inscrits.
Laisser un commentaire