Des questions ont été suscitées concernant une éventuelle collaboration entre les rebelles indépendantistes et les groupes djihadistes au Mali, similaire à ce qui s’était produit au début de la guerre en 2012. Les spéculations ont été alimentées par une diffusion audio sur les réseaux sociaux le vendredi 17 mai, provenant d’Alghabass Ag-Intalla, un leader influent de la rébellion armée touareg et arabe. Dans cet enregistrement, il revendique avoir engagé un dialogue avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une organisation djihadiste liée à Al-Qaida.
D’après le message audio de 88 secondes, un « pas significatif » a été accompli et « d’autres actions » seront entreprises pour tenter de rassembler les rebelles organisés autour du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA) et les islamistes armés dirigés par Iyad Ag-Ghali. Depuis que le pouvoir militaire à Bamako a repris les hostilités en août 2023, il y a eu plusieurs rencontres entre des émissaires des deux camps, faisant resurgir la crainte d’une fusion entre ces deux mouvements rivaux.
Cependant, Mohamed Elmaouloud Ramadane, le porte-parole des rebelles, affirme que cela n’implique pas une alliance, mais plutôt un pacte tacite de non-agression. Selon lui, les rebelles et le GSIM n’ont jamais eu les mêmes objectifs ni la même approche. Leur combat principal est contre l’Etat malien et Wagner, et ils prévoient de déplacer leurs efforts de combat vers le sud, pour se rapprocher de Bamako, le centre du pouvoir de leur adversaire.
Confrontés à la défaite face à l’armée et aux mercenaires de Wagner, un groupe de sécurité russe privé, lors de la capture de Kidal, la bastion de la rébellion, au milieu de novembre 2023, le CSP-DPA a essayé de reprendre son assaut vers le sud en s’infiltrant dans la forêt de Wagadou au début avril. Cependant, c’est l’armée de GSIM, maîtres de cette région à la frontière mauritanienne, qui les a arrêtés, après une bataille qui a entraîné la décès d’une vingtaine de guerriers de chaque côté.
« Cet événement est crucial. Le CSP a réalisé que le GSIM avait la capacité de contrecarrer son attaque contre le régime militaire et qu’il devrait négocier avec Iyad [Ag-Ghali] pour obtenir un accès à ses zones d’influence dans le centre et le sud du pays s’il voulait continuer. Ceci est l’objectif principal des pourparlers en cours », souligne Yvan Guichaoua, professeur chercheur à l’Université de Kent, à Bruxelles.
D’après nos renseignements, des représentants des deux parties se sont rencontrés à la fin d’avril dans le sud de l’Algérie, près de la frontière malienne. « Les négociations ont été compliquées. L’alliance n’a pas été possible, car Iyad exige de nous une allégeance totale, en ligne avec sa stratégie, son leadership et son drapeau noir », révèle un leader de la rébellion.
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