Ce prochain automne, l’établissement ESCP Business School inaugurera sa nouvelle branche, l’ESCP Extension School. Contrairement à l’école de commerce principale, qui se consacre à la préparation des étudiants pour des postes de direction à niveau bac +5, l’Extension School vise les travailleurs qui possèdent un diplôme allant du bac au bac +3 et qui cherchent à améliorer leurs compétences ou à changer de carrière, précise M. Léon Laulusa, le directeur général. Les cours seront enseignés par des enseignants et des spécialistes du réseau ESCP.
Alors que les « extension schools » sont une nouveauté en France, elles sont présentes depuis plus de cent ans dans les universités américaines telles que Harvard, Berkeley et l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA).
Pour le directeur général, M. Laulusa, cette approche va au-delà des cours en ligne grand public ou MOOC (Massive Open Online Course). Il estime que les MOOC ne sont pas assez stimulants ni interactifs. Au sein de leur Extension School, chaque étudiant sera suivi par un tuteur pour évaluer leur progression et tous auront la possibilité de participer à certains cours en direct, dans un semblant de salle de classe virtuelle. En misant sur cette forme de formation continue, l’école de commerce cherche à élargir son offre d’éducation supérieure et à diversifier ses sources de revenus.
La première promotion de l’ESCP Extension, qui débutera ses études à l’automne prochain, sera composée de deux cents salariés provenant de grandes entreprises. Il s’agit d’un test pour l’école de commerce qui prévoit ensuite d’augmenter ses effectifs. D’après leurs prévisions, ils devraient accueillir 500 nouveaux apprenants en 2025, puis 10 000 à l’année 2030.
Léon Laulusa parle de la nécessité de « servir la nation en améliorant les aptitudes et la capacité d’emploi de ses résidents ». Cependant, il est indéniable que cette initiative profitera également à la marque ESCP. « Actuellement, nous assistons à une concurrence en terme de taille entre les écoles de commerce, explique Jean-Michel Huet, qui était rapporteur en 2014 d’un groupe de travail sur l’avenir des écoles de commerce à la française pour l’Institut Montaigne. Chaque établissement s’efforce d’innover en proposant de nouveaux formats afin d’accroître son effectif étudiant et garantir ainsi sa stabilité financière. »
Cette stratégie est d’autant plus pertinente que les écoles de commerce redoutent que le gouvernement réduise l’aide financière accordée aux contrats d’apprentissage pour combler le déficit public. « A l’heure actuelle, les contrats d’apprentissage représentent déjà une perte significative pour nous », fait remarquer Léon Laulusa. « Pour un apprenti inscrit dans l’une de nos formations qui coûte 20 000 euros par an, l’oreganisme France compétences [l’autorité publique responsable du financement de l’apprentissage] ne nous verse que 9 000 euros, alors qu’auparavant, ce montant pouvait atteindre 17 000 euros. » Il ajoute : « L’Etat cherche à économiser, ainsi les institutions d’enseignement supérieur sont forcées à innover. »
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