Le jeudi 23 mai, une foule comprenant des centaines de Marseillais et de personnalités prestigieuses s’est rassemblée pour saluer la mémoire de l’ancien maire de Marseille et figure emblématique de la droite française, Jean-Claude Gaudin, lors de ses funérailles qui se sont tenues à la cathédrale de La Major. Plus d’un millier de personnes, parmi lesquelles se trouvaient Brigitte Macron, épouse du président de la République, l’ancien président Nicolas Sarkozy et le prince Albert II de Monaco, ont assisté à la messe dans l’église face à la mer. Également présents, le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, et Sabrina Agresti-Roubache, la Marseillaise secrétaire d’État chargée de la Ville, représentaient le gouvernement.
Les intervenants durant la cérémonie ont évoqué le parcours de ce « redoutable débatteur », et l’un des derniers monstres sacrés de la politique, issu d’un milieu modeste. Benoît Payan, son successeur et adversaire politique, a décrit Gaudin comme étant « Marseille dans toute sa complexité (…), avec ses fulgurances toujours présentes et parfois ses travers ».
Gaudin, qui s’est éteint le lundi précédent à l’âge de 84 ans suite à un arrêt cardiaque, n’avait pas d’autre famille que Marseille et ne vivait que pour la politique, a rappelé Patrice Faure, le Directeur de cabinet du président Emmanuel Macron.
L’Archevêque de Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline, qui présidait la cérémonie, a déclaré que malgré ses erreurs et ses omissions, Gaudin « a franchement aimé les habitants de notre ville » et a essayé de les servir du mieux qu’il pouvait. Il a salué le parcours de ce fils d’ouvrière et de maçon qui a gravi les échelons de la société « par le fruit de son travail, et non grâce à son réseau de relations ».
Brigitte Macron a assuré que Jean-Claude Gaudin, qui a servi Marseille jusqu’à son dernier souffle, avait toujours la ville en tête. Elle a déclaré que le président aurait assisté aux funérailles si son voyage à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, n’avait pas été nécessaire en raison des troubles survenus depuis dix jours.
Après avoir marqué une génération politique, selon les propos d’Eric Ciotti, le cortège funèbre de M. Gaudin a quitté le quartier de son enfance, Mazargues, situé dans le sud de Marseille, en début d’après-midi. Huit autres véhicules ont accompagné le corbillard qui s’est brièvement arrêté devant l’église de Mazargues, écoutant le son des cloches funèbres, avant de reprendre sa route sous les applaudissements des personnes présentes.
Le défilé a ensuite marqué un court arrêt devant la mairie où Jean-Claude Gaudin a exercé son pouvoir de 1995 à 2020. Puis, il s’est dirigé vers la cathédrale. Parmi les personnes présentes, on comptait le maire de Nice, Christian Estrosi (Horizons), le lauréat du Ballon d’Or 1991, Jean-Pierre Papin, le président du Sénat, Gérard Larcher, et le président de l’Olympique de Marseille, Pablo Longoria.
Eric Ciotti, président des Républicains, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) à la fin de la cérémonie que Jean-Claude Gaudin avait laissé une empreinte indélébile sur leur panorama politique. Il n’y avait pas de foule sur le parvis de l’église, mais environ 300 personnes ont timidement applaudi lorsque le cercueil a été retiré, selon un journaliste de l’AFP.
Ensuite, une centaine de personnes se sont réunies au cimetière de Mazargues pour participer à une cérémonie solennelle. Au cours de celle-ci, une trentaine de couronnes de fleurs ont été déposées sur la tombe, à côté du nom de l’ancien maire gravé dans le marbre rose, sans épitaphe.
Jean-Claude Gaudin, né le 8 octobre 1939, avait commencé sa carrière en tant que professeur d’histoire-géographie dans une école privée avant d’occuper des postes politiques importants, notamment celui de sénateur, ministre et surtout maire de Marseille. Cependant, ses détracteurs l’accusaient d’avoir négligé les quartiers défavorisés du nord de Marseille et laissé se détériorer certaines écoles, qui font maintenant l’objet d’un projet de rénovation sans précédent.
Son dernier mandat a été marqué par le terrible accident de la rue d’Aubagne le 5 novembre 2018, lorsque deux immeubles délabrés – dont l’un appartenait à la ville – ont chuté, ensevelissant huit personnes. La mairie a été critiquée pour avoir ignoré les signaux d’alarme. La catastrophe a mis en lumière le problème du logement insalubre à Marseille, où environ 40 000 résidents vivent dans des conditions précaires.
Moins de deux ans après cette tragédie, une coalition d’écologistes, de gauche et de la société civile a remporté la mairie, après des élections municipales mouvementées. Cette victoire s’est produite alors que le camp de droite était divisé, certains de ses membres ayant même rallié Emmanuel Macron.
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