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Coincé au bureau: cauchemar dystopique

La journée était un lundi et par pur ironie, j’ai décidé de regarder le film « Comme un lundi ». Réalisé par Ryo Takebayashi, ce long métrage s’inspire d’un classique des années 90 « Un jour sans fin » d’Harold Ramis. Dans son contexte, il nous immerge dans le monde quotidien d’une petite agence de publicité japonaise. Yoshikawa, une jeune créatrice, et ses collègues luttent pour créer une campagne de publicité pour une soupe miso en tablettes effervescentes, mais sans succès. Ils se retrouvent pris dans une boucle temporelle, revivant indéfiniment la même semaine. Bien que le concept de boucle temporelle puisse être parfois répétitif et ennuyeux, la routine de cet espace de travail insensé a captivé l’attention.

Dans l’agence de publicité, c’est un pigeon qui se heurte à la fenêtre, marquant la réinitialisation de la boucle en boucle. Cette boucle s’articule autour de pannes d’électricité, de week-ends passés au bureau et de plaisanteries répétitives du patron. Au fil du temps, les employés doivent se persuader qu’ils ne vivent pas une journée normale, mais qu’ils se trouvent dans un cycle temporel perturbant et doivent chercher un moyen d’en sortir. Le film aborde des thèmes tels que l’engagement excessif au travail, le sacrifice de la vie personnelle pour une réussite professionnelle sans sens et la volonté de vivre une vie qui nous déplaît. Ce film charmant oscille entre le réalisme et le surréalisme et met en valeur ces thèmes.

L’authenticité du film « Comme un lundi » réside dans sa capacité à éclairer une peur nouvelle ou du moins une inquiétude qui a gagné en importance dans l’esprit d’un employé : être coincé au bureau. Le bureau est une entité à laquelle on peut être lié de plusieurs façons, qu’il s’agisse d’un meuble, d’une pièce ou d’une institution.

Dans son livre « Ethnologie du bureau » publié par Métailié en 2020, Pascal Dibie analyse l’individu sédentaire, l’Homo sedens, formé depuis son enfance à adopter une posture resteinte et obéissante, soulignant ainsi le lien entre soumission mentale et contrainte physique. Cependant, cette espèce « assis », dont on a lentement et patiemment obtenu l’approbation, a été secouée dans son quotidien lorsque la pandémie a fait fléchir les fondements de son existence ancreée. On s’est alors demandé : pourquoi ? En se rendant compte qu’il est tout à fait possible de mener une réflexion tout en portant un short, à l’ombre d’un tilleul.

Selon un rapport d’OpinionWay pour Slack en 2023, 63% des travailleurs préfèrent désormais un travail qui leur permet de choisir leur lieu de travail et 50% d’entre eux sont même prêts à démissionner si on leur impose de retourner au bureau chaque jour (64% chez les 18-34 ans). La valeur désormais accordée est le sentiment de liberté et la flexibilité que le travail à distance offre pour gérer les engagements du quotidien (oui, ce rendez-vous avec l’oto-rhino-laryngologiste).

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